Les mythes ont la vie dure. L'automne à Kyoto devrait être sec, ensoleillé, beau et d'un froid magnifique qui glace la peau fatiguée d'avoir tant sué après ces mois d'été. Cet automne est français, souvent gris et pluvieux. L'humidité des feuilles mortes a du charme.
L'automne est japonais. Les cars déversent des flots de touristes, tous les jours de la semaine, sur le parking situé à 100 mètres du Pavillon d'argent. Les touristes sont japonais ou français. Les feuilles ont parfois un rouge éclatant et c'est ce qu'ils viennent voir. En ville, les feuilles ont les coupe pour qu'on n'ai pas à les ramasser une fois mortes. Dans le jardin du café Yojiya, une jeune fille les ramasse avec une longue pince métallique, les deux pieds trouvant leur place sur une petite pierre. Et malgré la position inconfortable, elle trouve le moyen de nous saluer avec un beau sourire. Pour faire plus nippon, je l'imagine avec de longues baguettes à ramasser les feuilles. Je suis sûr qu'elle s'en servirait mieux, des baguettes.
Au second étage, des collégiennes, certainement venues d'une province campagnarde du pays, nous font de grands gestes. Les vitres nous empêche d'entendre leur "hallo". Venir à Kyoto, c'est venir voir des temples et des gaijin que l'on a pas dans sa province.
Et tous les jours, en voyant ces Japonais tourner leur carte du quartier dans tous les sens pour trouver leur chemin, je brûle d'envie de les mettre sur la bonne route. Le faire ne serait que pur plaisir, non pas pour rendre service, mais pour avoir un court moment d'une situation qu'ils n'osaient imaginer.