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Dans le microcosme du Rock chaque nouveau disque de Marianne Faithfull est attendu comme une apparition de la Vierge ce qui est assez exagéré quelque soit l’angle sous lequel on prendra cette affirmation. Pourtant nous avons nos raisons, c’est qu’au-delà de l’aspect strictement musical, la dame est une icône de la scène Rock historique, une figure connue de la mythologie et des outrances qui accompagnèrent les Rolling Stones de la « grande époque » des sixties, compagne de Mick Jagger ou interprète de Sister Morphine, l’aristocrate fille d’une baronne autrichienne a tout vu et tout connu, du meilleur au pire. De toutes ses épreuves (dope et cancer) elle a toujours su renaître et désormais elle semble traverser la vie avec la sérénité du sage qui sait faire la part entre l’important et le futile. Aussi quand un nouvel album paraît, c’est tout ce background qui nous revient en mémoire et nous rappelle notre jeunesse ce qui vaut à Marianne ce rôle de symbole contre sa volonté. Donc la Faithfull nous a livré un nouveau disque Easy Come Easy Go, un bel objet ma foi, un CD de dix titres complété d’un second disque de huit autres morceaux en bonus et d’un court DVD où chaque morceau est analysé et commenté par l’artiste, comme la très belle photo de pochette est de Mondino vous ne vous sentez pas volé. Tous les titres sont des reprises de Bessie Smith à Morrisey en passant par Merle Haggard, un disque pour son plaisir d’interpréter des chansons qui lui tiennent à cœur. Des mélodies finement jouées, subtiles parties de guitares de Marc Ribot, où la voix grave et voilée de Marianne Faithfull se love avec facilité pour créer des ambiances mélancoliques qui accompagneront parfaitement cette fin d’année hivernale. Quelques noms connus viennent participer à la fête, Nick Cave, Jarvis Cocker, Sean Lennon et Keith Richards auquel Marianne rend un émouvant hommage dans le DVD. Sans être aussi puissant que le Broken English paru en 1979, un très beau disque pour des soirées intimistes.