Roman irrégulier tant dans son écriture que dans son rythme. Je n'ai pas réussi à être absorbée par l'histoire de ce poète marocain amoureux de Naples et des femmes. Naples justement qui revient sans cesse dans d'interminables descriptions imagées et non imagées. Si je devais compter le nombre de fois où le nom de "Naples" est écrit je mettrais des heures. C'est trop à mon goût.
Je n'ai pas réussi non plus à trouver de la sympathie ni même à être attendrie par cette jeune marocaine prostituée sous le joug de la mafia albanaise qui ne comprend pas l'amour pure et platonique que semble vouloir lui offrir le poète alors qu'elle devrait respirer cet amour, elle qui dit tendre de tout son être vers lui et qui n'a connu depuis son adolescence que l'acte bestial et monnayé.
Cette femme, qui -devrions nous croire- est amoureuse de ce premier homme venu et qui ne devrait voir en lui qu'autre chose qu'un passeport vers la liberté et l'argent sans obligation de "coucher". Elle qui pour le charmer ne sait que lui dire : "la mousse tiède (du café) me rappelle le lait des hommes" et qui poursuivait en citant les quarante noms que la langue arabe donne au sexe des femmes.
Elle qui lui dit lors d'une séance de dédicaces : "ta signature, je la veux entre mes cuisses, sur mon pubis, il est épilé et attend que tu y graves ta dédicace. Si tu laisses ton empreinte là, je ne pourrai plus jamais ouvrir les jambes à quelqu'un d'autre que toi." Moi je n'y ai vu (peut-être à cause de mon lieu de vie : le Maroc justement) qu'une jeune femme marocaine tombée dans le piège de la fesse et du fric avec comme excuse d'être issue des quartiers pauvres de la périphérie de Casablanca. Une fille de cette nouvelle génération qui ne voit que la solution de facilité et qui cherche par la suite désespérément à trouver un homme de bonne situation en lui parlant d'amour et en montrant son chemin entre ses jambes pour se la couler douce par la suite.
Nathalie Château-Artaud