Sarkozy : «le JDD» se rebiffe
Presse. La Société des rédacteurs regrette la partialité du titre.
LIBERATION
R.G. et I.R.
«Sarkozy en maître du monde !» Voilà un des titres qui a fait monter la moutarde au nez de la rédaction du Journal du dimanche. Hier, la Société des journalistes (SDJ) du JDD s’est fendue d’une lettre ouverte aux dirigeants du groupe Lagardère pour dénoncer «une certaine dérive éditoriale».
Pour la SDJ, «le traitement de l’actualité présidentielle et gouvernementale manque régulièrement de distance. Le JDD se contente ainsi, trop souvent, d’accompagner le président de la République dans ses déplacements sans prendre de recul». Les journalistes remettent également en cause un titre de une d’il y a un mois, «Les Français veulent travailler le dimanche», ou, plus récemment, la une consacrée à la première dame «Carla Bruni-Sarkozy s’engage».
Pour la SDJ, «de très nombreux lecteurs […] reprochent au JDD sa partialité et menacent, quand ils ne l’ont pas déjà décidé, de ne plus l’acheter». Redoutant «de voir les ventes du journal souffrir de cette inflexion éditoriale», elle demande à ses dirigeants «de restaurer et de garantir à l’avenir l’indépendance du titre». Pas sûr qu’Arnaud Lagardère, autoproclamé «frère» de Nicolas Sarkozy, s’en émeuve…
A la rédaction on est plus direct : «Ras-le-bol de passer pour des cons», résume un journaliste, «marre de se faire allumer dans le Canard Enchaîné», peste un autre. Si tous se défendent de le viser nommément, Claude Askolovitch (1), rédacteur en chef depuis cet été et auteur de l’article «Sarkozy en maître du monde !», est dans le collimateur. Même si, rappelle un journaliste, le JDD et Sarkozy, c’est déjà une longue histoire : en mai 2007, un article révélant que Cécilia Sarkozy n’avait pas voté au second tour de la présidentielle avait été trappé.
(1) Joints par Libération, ni Claude Askolovitch ni le groupe Lagardère n’ont souhaité s’exprimer.