J'ai assisté cette semaine à une conférence très intéressante sur le futur service de vélopartage de Montréal: bixi . Il s'agit a priori d'un service de vélo partage (ou de vélos en libre service) classique, comme ceux qui ont connu le succès à Lyon (Vélov') ou à Paris (Vélib').
Le vélopartage est un service qui permet d'emprunter une bicyclette en un point et de la rendre en un autre point. Il s'agit d'un service visant à promouvoir le cyclisme urbain et les transports actifs dans la mobilité urbaine. Ainsi, pour me rendre au travail, la ville me propose de me préter un vélo à quelques encablures de chez moi, et de le déposer à deux pas de chez mon employeur. Cela m'évite de me ronger les ongles dans les bouchons et me permet de faire un peu d'exercice, de bon matin, et avant l'apéro du soir... Surtout, cela évite à la collectivité de devoir payer des sommes folles dans de nouvelles infrastructures routières, et de faire vivre chaque année un cardiologue supplémentaire.
Classiquement, deux formules existent pour les usagers. Soient ces derniers sont abonnés et disposent d'un clé (magnétique ou à puce) pour emprunter quand ils le veulent un vélo (le lieu de prise et le temps d'emprunt sont alors calculés en temps réel), soit ils payent à une borne avec leur carte de crédit. Pour les abonnés, les premières trente minutes sont gratuites. Les allemands utilisent un système un peu différent où, sur chaque vélo se trouve un numéro qu'il faut communiquer à un serveur par l'intermédiaire de son téléphone mobile.
Le système que Montréal mettra en place au printemps prochain présente un certain nombre d'innovations qui ont vu ce système primé par la revue Time Magazine . Tout d'abord de nombreux efforts ont été placé dans la conception des vélos en aluminium (ce qui en limite le poids) ultra-robustes. Ensuite, le système de stations et bornes cyclistes est entièrement modulaire et déplaçable. L'alimentation électrique se fait par panneaux solaires. Ainsi, en fonction d'évènements particuliers la ville peut déplacer ses bornes pour en augmenter le nombre en point précis. Elle peut aussi à tout moment réadapter l'offre des stations à la demande.
Surtout, la ville de Montréal étudie actuellement la conception de vélos à assistance électrique, capable d'étendre le public-cible aux personnes moins sportives et aux endroits situés en hauteur (sur le Mont Royal). Cette future innovation m'apparaît particulièrement enthousiasmante pour une ville comme Nouméa qui présente une topographie pour le moins chahutée.
De plus, il est question que, comme cela fait ailleurs, les abonnés de bixi puissent profiter de tarifs préférentiels pour les transports en commun.
Cette présentation m'a d'abord fait rêver concernant la transférabilité du concept à Nouméa, mais, après quelques réfléxions, je me suis dit que le lieu n'était pas adapté, que Nouméa était trop étendue et trop peu dense pour profiter d'un tel système. En effet, on considère que le vélo est concurrentiel à la voiture, en temps de déplacement, pour des parcours compris entre 1 et 5km. Puis, je me suis demandé à quels quartiers mène cette distance à partir de la place des cocotiers. Le résultat, ci-dessous, m'a quelque peu surpris, tant en voiture ces distances me semblaient plus longues.
Finalement, le seul véritable frein "physique" à l'utilisation du vélo concerne la topographie. Les vélos à assistance électrique apparaissent donc comme une solution idéale. Toutefois, l'achat de ces vélos peut-être difficile pour un particulier, alors que pour une collectivité, ou un service de publicité (souvent, les services de vélopartage sont exploités par des publicitaires, à Montréal, c'est l'organisme "Stationnement Montréal" qui pilote et exploite le service), le coût serait bien moins difficile à supporter.
Alors que des villes de taille modeste mettent en place des services de vélopartage (Caen, Amiens, Orléans, Perpignan...), pourquoi Nouméa ne suivrait-elle pas avec en plus une originalité technique qui, à n'en pas douter, serait copiée par d'autres pays tropicaux (Tahiti, île de la Réunion, Hawaï) qui présentent les mêmes désagréments de relief.
Au lieu de construire des stationnements qui appeleront toujours plus de voitures, pourquoi ne pas établir un réseau cyclable de qualité et sécuritaire permettant le succès du service de vélopartage ?
Qu'en pensez-vous ? Si un tel service existait, avec les infrastructures adaptées, l'utiliseriez-vous ?
François