Mes mots me manquent. Sont partis je ne sais où.
Peut-être s'offrent-ils un lifting ? Une cure de jouvence ? Se ressourcent ?
Ils ne me semblent pas partis à la retraite, ne sont pas morts au détour d'un virage, n'ont été ni pris en otage ni fauchés par un attentat. Ils se reposent, à moins qu'ils ne prennent du recul. Ou ils hibernent. Que neige.
Il y a des périodes où l'on se tait.
Non qu'on n'ait rien à dire. Bien au contraire. Ni qu'on retienne. Plutôt que finalement, on se dit que le silence est la parole la plus appropriée.
Dans certains cas, il est politesse. Dans d'autres respect. Dans d'autres fatigue. Dans d'autres colère.
Il y a des mots qui méritent mieux que d'être dits.
D'ailleurs, il y a des bavardages qui feraient mieux de se taire.
Alors que l'on parle beaucoup de pouvoir, par les temps qui galopent et à un moment où tant de gens n'en peuvent plus ou ne peuvent plus, il me plaît assez de redonner au vent sa place dans nos phrases. Au soleil son rang dans nos pensées. A l'eau sa douce mélopée. A la pierre sa force motrice. A la mémoire son rang. Ce monde sourd hurle bien trop pour qu'on s'égosille à ses côtés. Ce monde vide se remplit bien trop pour qu'on pense à la hotte les mains sur la bedaine sans sourciller.