Ah les blogueurs.
A intervalle régulier, la blogosphère, ou du moins une toute petite frange de celle-ci, aime à se lancer dans de grands débats de fonds, où chacun est bien évidement invité à être pour ou contre.
Donc, le dernier épisode en date survient après une série de papiers dans la presse papier (CB News, Le Monde et Stratégies magazine) sur ces blogueurs qui seraient vendus aux marques, et accepteraient contre espèces sonnantes et trébuchantes de mettre leur formidable plume au service promotionnel de non moins formidables produits.
Alors, pour tous ceux qui estiment que leur blogosphère ne correspond pas vraiment à cette blogosphère, petit rappel de la dernière escarmouche.
A ma gauche, Emery Doligné, blogueur dit influent, que je n’ai le plaisir de connaitre ni de près ni de loin, a gratté un papier sur un non événement absolu – une course de filles en talons aiguilles organisée pour promouvoir le site de vente de chaussures en ligne, Sarenza. Comment, vous n’en avez pas entendu parler ! Comment, personne ne vous a contacté pour vous inviter à en parler ! Comment, vous vous en foutez royalement !
Ledit blogueur a donc commis un papier plutôt à charge sur cette opération promotionnelle déguisé en happening socio-culturel.
Papier qui a déclenché une avalanche de réactions consternées (principalement chez ceux dont les blogs font occasionnellement office de caisse de résonance pour les opérations com du moment), sur le mode – ce salaud d’Emery, toujours à faire son audience en cassant du sucre sur le dos des autres.
Pour ceux que cela intéresse, un exemple de réaction est visible ici, et pour les très courageux amateurs d’analyse ethnographique de la pertinence des commentaires, c’est à la suite du papier en question.
Il faut ici savoir que l’audience, comme chez TF1, est le nerf de la guerre que se livrent les blogueurs prêts à rentrer dans ce jeu pour s’attirer les faveurs des marques.
Car qui dit audience, dit influence ! Ben quoi, vous ne me croyez pas. Allons, prenez Jean Pierre Pernaut par exemple, un gars sacrément influent !
Pensez donc, son journal est vu – comme les vaches regardent passer les trains – par quelques millions de personnes.
Ou le Reader’s Digest, la bible de l’influence pour les lecteurs à l’estomac fragile…
Bref l’influence aujourd’hui, est une denrée sacrément précieuse pour certaines marques, qui se sont mis en tête que fourguer leurs produits à des blogueurs sacrément cools, early-adopters mais avec le ton critique qui garantit l’indépendance d’esprit, était vraiment la meilleure chose à faire pour créer le buzz. Une espèce de vol de grosses mouches bleues.
Créer le buzz pourquoi ? Ben pardi, pour faire du bouche à oreille, du word of mouth comme disent ceux qui en font métier.
Car aujourd’hui, ce salaud de consommateur, il en a marre de la pub inepte qui le prend pour une courge !
Alors il préfère s’en remettre au jugement de son voisin, ami ou blogueur préféré.
Donc on est là. Des blogueurs qui font des pieds et des mains pour être repérés, inscrits dans les petits fichiers de ces nouvelles agences qui font office d’apporteurs d’affaires, d’entremetteurs entre marques en mal de coolitude et blogueurs en mal de marques d’affection.
Comme si les individus étaient assez cons pour se transformer en consommateurs impulsifs au contact du premier blog influent venu !
Et un microcosme de quelques dizaines de blogueurs-communicants qui pousse des hauts cris, prend parti, s’essaye à l’humour, donne conseils et porte jugement, en tout bien tout honneur.
Puisque au final, malheureux, c’est la blogosphère qu’on assassine (Prière de ne pas rire) !
Voilà sans doute pourquoi j’accorde davantage d’attention à la partie anglo-saxonne des blogs de communicants, où le niveau est incontestablement plus élevé.
Et voilà sans doute aussi pourquoi pas une marque ou boite d’entremetteur ne m’a demandé de me transformer en blog-sandwich…
Pub et alter-pub!