Droits de l’Homme et diplomatie : A Moscou, le président de l’assemble du Conseil de l’Europe joue les équilibristes…

René van den Linden, le président de l’Assemblée du Conseil de l’Europe, savait que son voyage à Moscou serait un exercice périlleux. D’un coté, il incarne l’Assemblée qui incarne la démocratie et les droits de l’homme dans l’espace paneuropéen, en une époque où la Russie connaît quelques graves régressions en ce domaine : les différences culturelles n’expliquent et surtout n’excusent pas tout… D’un autre coté, il sait  que le Conseil de l’Europe n’aurait rien à gagner à  une détérioration des relations entre son Assemblée et ce pays membres qui joue et jouer de plus en plus un rôle clef dans l’avenir du continent. Dans le climat de « paix froide »  qu règne actuellement entre  le géant de l’Est et les pays de l’ouest, les sensibilités sont à vif… Chaque mot est piégé, toute critique ou réserve étant interprétée par le Kremlin et la presse russe comme une provocation, un geste inamical ou une injustice.

Alors, M. van den Linden joue les équilibristes. Pas de critique franche, mais des exhortations. Pour que soit assuré l’accès des oppositions aux prochaines élections, pour que la presse russe réponde aux critères de l’Organisation de Strasbourg, pour que les ONG soient respectées, pour que la Russie ratifie plus complètement la convention européenne des droits de l’homme, pour que les minorités soient respectées… Et il ne manque aucune occasion de souligner l’importance de la Russie et de manifester sa compréhension envers les récriminations russes parfois justifiées envers d’autres membres du Conseil de l’Europe. L’Estonie, par exemple. Cette Estonie où tout (ou presque) est prétexte à incident diplomatique.

Ainsi, Van den Linden a condamné les défilés   de vétérans de la 20ème division SS en Estonie, considérés comme des manifestations nazies. « Le Conseil de l'Europe réprouve les manifestations faisant référence au passé nazi », a souligné René van der Linden à la télévision en annonçant que l’Assemblée s’en préoccupera lors de sa prochaine session.

Sur ce point, le Président de l’assemblée a raison. RIA Novosti souligne que  « la délégation russe à l'APCE a attiré à plusieurs reprises l'attention des parlementaires européens sur la politique des autorités estoniennes en la matière. Le sénateur russe Mikhaïl Marguelov a proposé dans son rapport d'avril de convoquer une conférence internationale sur la lutte contre la renaissance du nazisme ».

Evidemment, les arguments russes sur ces problèmes bien réels auraient plus de poids si les signes de régression en termes de droits de l’homme ne devenait pas  une rubrique quotidienne dans les circuits de l’information… Et si quelques mystères étaient éclaircis, celui de la mort de la journaliste de Novaïa Gazeta, Anna Politkovskaïa, assassinée en octobre 2006… René van den Linden en a parlé. Sans avoir de réponse.