Petits mensonges entre amis. Invitée de Karl Zéro sur le plateau de BFM TV jeudi soir, Christine Boutin au cœur de la tourmente médiatique a donné sa version des faits sur la problématique des SDF, quitte à faire quelques accrocs avec la vérité. Une nouvelle fois, ça tangue pour la ministre du logement.
Pressée par Nicolas Sarkozy de trouver une réponse à la multiplication de disparitions de SDF, Christine Boutin a annoncé, mercredi 26 novembre, que le gouvernement réfléchissait à rendre obligatoire « l’hébergement des personnes sans abri quand la température devient trop froide ».
L’annonce a suscité une polémique suffisamment vive pour contraindre François Fillon à calmer le jeu. Face à la rigidité de sa ministre, le chef du gouvernement a précisé les choses notamment sur l’équilibre à trouver entre la liberté de chacun et la non assistance à personne en danger en période de grand froid.
Droite dans ses bottes, la ministre du logement n’a, contrairement à la presse, rien vu dans ce correctif qui puisse ressembler à un désaveu. A l’inverse, dans une formule élimée, Christine Boutin a assuré, « de façon très ferme » qu’il n’y avait pas l’épaisseur d’une feuille de cigarette entre le premier ministre et elle-même.
Il n’en est pas de même avec la Haute Assemblée. Jeudi 27 novembre le sénateur UMP des Yvelines, Dominique Braye, a dénoncé, les propos de la ministre du Logement, Christine Boutin selon lesquels, « le Sénat serait hostile à l’amélioration des conditions d’accueil des personnes les plus fragilisées ». Le rapporteur de la commission des affaires économiques sur le projet de loi de mobilisation pour le logement et la lutte contre l’exclusion juge ses affirmations « graves » et qu’elles ne correspondent « absolument pas à la réalité des faits ».
La protestation n’est pas le fait d’un sénateur isolé.Henri de Raincourt, président du groupe UMP du Sénat a déclaré dans un communiqué « approuver la mise au point effectuée par son collègue Dominique Braye concernant les propos inexacts prononcés à plusieurs reprises par Christine Boutin ». Mercredi, la ministre du Logement avait déclaré que des crédits supplémentaires, dans le cadre du « 1% logement », avaient été refusés par le Sénat pour des motifs « dogmatiques ». Dominique Braye met au contraire en avant « le fait les explications de la Ministre n’avaient pas convaincu l’ensemble des groupes politiques ».
Le texte prévoit detransférer de l’Etat vers l’Agence nationale de l’habitat (ANAH) la mission de financer les travaux d’amélioration des centres d’accueil. Les sénateurs ont, selon Dominique Braye, estimé que « rien ne garantissait que l’ANAH disposerait de crédits supplémentaires pour remplir cette mission ». Sur BFM, Christine Boutin a rectifié le tir en exonérant l’UMP. La ministre a expliqué qu’elle avait besoin d’argent et « qu’elle le prenait où elle peut ». « Le Sénat m’a refusé l’argent c’est-à-dire la gauche et les centristes, au motif que l’argent ne venait pas du fonds de logement ».
Interrogée sur la condamnation du DAL à payer une amende de 12 000 euros pour avoir installé du 3 octobre au 15 décembre 2007 un campement de mal-logés rue de la Banque à Paris Christine Boutin s’est refusée a commenter une décision de justice mais a toutefois précisé « je n’ai rien contre le DAL mais, il ne faut pas mettre les gens en danger », « il s’agit en réalité d’une affaire de sécurité. S’il y avait eu un accident, que n’aurait-on dit de l’Etat qui aurait laissé faire ».
Christine Boutin reste donc sur sa ligne initiale d’extrême fermeté basée sur la notion d’ordre public qui tranche avec la position plus conciliante de Martin Hirsch, Haut commissaire aux Solidarités actives, qui a jugé qu’il n’était «pas normal» d’infliger une amende, et a conseillé à l’Etat de «passer l’éponge».
De son côté l’association Droit au logement (Dal), a annoncé qu’elle faisaitappel de cette décision estimant que « ce jugement crée une nouvelle infraction pour réprimer les associations de lutte de sans logis et les sans-abris ». Sur le plateau de BFM, Christine Boutin a réfuté vouloir régler des comptes avec le DAL mais n’a pu s’empêcher de lancer quelques piques contre l’association.
Les relations avec le milieu associatif semblent plus que difficiles. Augustin Legrand porte parole des don quichotte s’est une nouvelle fois plaint de ne pas être écouté et a fait le constat de deux ans et demi de dialogue de sourds avec la ministre du logement.