Plan généreux sur une larme translucide caressant le visage au regard bleu perdu de Naomi Watts. Une affiche qui aura certes retenu mon attention. Aux commandes, Michael Haneke notamment à l’origine de La Pianiste, avec Isabelle Hupert – œuvre assez particulière également.
Tim Roth, grand acteur, est également à l’affiche ici et joue le rôle du dévoué (et impuissant) mari de la belle Naomi. Le suffixe U.S. est assez rédhibitoire pour ma part car rien ne justifie la nécessité de connaître la dimension spatio-temporelle. Ce n’est que plus tard que je comprends : Funny Games U.S. n’est rien d’autre qu’un auto-remake d’un film réalisé 10 ans plus tôt en 97 (l’original lui s’appelait Funny Games tout court). Présenté alors au festival de Cannes, il avait suscité grands débats (partagés entre dégoût pour les uns et admiration pour les autres) et s’inscrivait dans une trilogie dite de la « glaciation émotionnelle ». En revanche, il avait été tourné dans le pays natal du réalisateur : en Autriche. Ce remake est le 1er film du réalisateur tourné en anglais et Watts paraît confirmer qu’elle aime les remakes (avec déjà à son actif Le Cercle et aussi King Kong) !
L’histoire est très simple et sans surprise aucune : une belle famille (papa, maman et fiston) décident d’aller se ressourcer dans leur résidence secondaire et se retrouvent mystérieusement séquestrés chez eux par des ados, au contact violent qui décident de jouer avec eux.
On se demande pendant tout le film : pourquoi ? Et jamais nous n’aurons la réponse. Choc violent et inexpliqué ; persécution a priori gratuite et sans sens ; la réalisation (à budget modeste outre le cachet des acteurs) est supplantée par un viol moral fort dans un schéma inhabituel enfant>adulte. Le film innove ici un genre ultra-violent dit « propre » : pas d’effusion de sang, ni de charcutage de boucher, ni autre artifice d’armes à feu comme on trouve dans les nouvelles tendances à la mode des Saw ou Hostel – débectants et vains. Haneke arrive donc à se distinguer de tout genre et a su également alterner violence et suspens, pour éviter tout désintérêt et ennui du spectateur qui n’a aucun fond auquel s’accrocher. La forme est supposée être ici, auto-suffisante.
Ensuite, on aime - on n’aime pas. Me concernant, ça reste mitigé. Les jeune ados n’ont pas su me convaincre (ça doit être physique !?) et quant au reste des personnages, on ne s’y attache jamais (au contraire) car on ne les connaît pas. Impression fade de documentaire malsain à l’intrigue surréelle (on n’y croit peu finalement).
Haneke a certainement un côté brillant mais il aurait du se limiter à son 1er film, probablement plus intimiste et personnel (avec des acteurs plus (physiquement) convaincants et un talent original du film maker intact). De l'idée nouvelle et intéressante mais une saveur amère et fade (probablement celle d’une production américaine soifarde d'engager une opération marketing fructifiante?).
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C.