Le 2 Octobre 2008
Il y a vraiment des fois ou je me demande comment je fais pour avoir : soit autant la tête en l’air soit autant la poisse. Nous sommes le 2 Octobre 2008, par une fraîche soirée d’automne (j’ai rallumé le chauffage aujourd’hui) et j’ai envie de jeter mon ordinateur par la fenêtre. Disons plutôt que j’ai envie de lui ouvrir le ventre pour récupérer mon carnet de route.
Il n’y a rien de pire, pour les gens qui aiment écrire, que de perdre le fruit de leur travail. Bien que je ne considère pas cela comme un travail; ce serait plutôt une passion (ou une drôle d’habitude selon certains), bref, ce soir j’ai envie de hurler car je suis incapable d’ouvrir le carnet de route de mon voyage en Roumanie. Bien sur l’histoire ne débute pas là. Ayant emmené avec moi mon inséparable ordinateur portable, tout a commencé là bas. En effet, ce dernier ayant déjà bien bourlingué, et dans des conditions plutôt inadéquates pour ce genre d’appareil, Môsieur a décidé de rendre l’âme un soir de septembre. Bon vent mon ami tu auras été d’un très grand soutien. Heureusement mon amie Sanda avait chez elle un ordinateur en état de marche et c’est donc sur ce dernier que j’ai tapé mon récit.
Juste avant de rentrer je me suis envoyé ce dernier par mail afin de pouvoir récupérer les données en France pour pouvoir l’achever. Par sécurité (d’autres expériences malheureuses dues à de mauvaises manipulations m’ont désormais rendues plus prudente) j’ai sauvegardé le ficher sur ma clef USB …. Juste au cas où.
Grand bien me fasse aujourd’hui car ni l’une ni l’autre des solutions n’a fonctionné et je me retrouve avec un fichier illisible en «.docx » je ne sais quoi. Impossible de l’ouvrir, même en recherchant sur Internet et me voila donc l’écran rempli de petits cubes narquois qui me donnent autant la nausée que si j’étais restée trop longtemps devant un tableau de Vasarely. Non pas que je n’aime pas cet artiste, artiste talentueux, aixois de surcroît, c’est juste que la fois ou j’avais visité son musée j’en était ressorti avec un terrible mal de tête à force d’obliger mes yeux à voir des choses si différentes.
Mais revenons en à nos moutons, ou plutôt, à nos cubes. Je reste coi devant cet écran idiot qui ne me révèle rien. Où est donc la clef ? Ma mémoire étant ce qu’elle est, je serais bien incapable de retaper exactement le même texte. Hors, c’est dans l’instant que l’on écrit le mieux, au plus proche de nos émotions.
Me voilà condamnée aujourd’hui à fouiller dans ma mémoire ce que j’avais bien pu écrire à ce moment là. Une matinée de perdue … à moins que !!!
Flash back ….
Le 26 Septembre 2008, Marseille – Paris – Bucarest
Comme toute les fois où je pars en voyage mon corps se réveille à 4h du matin. Une habitude incontrôlable et un peu idiote. Ayant rendez vous à l’aéroport à 9h, je suis sortie dans la nuit prendre mon café et fumer ma cigarette. J’aime ce moment. Tout est paisible et les bruits de la nuit m’entourent. Il fait bon. Dans quelques heures, lorsque le soleil se lèvera, les températures chuteront et j’aurais froid. Là, maintenant, tout de suite, il fait doux, et une légère brise agite les feuilles encore présentes des platanes. L’écureuil doit dormir paisiblement. Il est trop tôt pour l’apercevoir.
Lentement je me prépare pour finalement arriver à l’aéroport en à l’heure pile. Pas de stress, pas de problèmes. Je suis sereine. Le reste du groupe est déjà là et je sens l’effervescence du stress pre-voyage monter. Les vols ne sont pas bons et on ne nous a finalement accordé que 50 kilos d’excédent de bagages au lieu des 150 prévus à l’origine. Mr Vouriot repartira donc avec 9 paquets. Ca fait mal au cœur, surtout à tous ceux qui ont mis toute leur énergie à faire ces colis.
Pour cette mission nous sommes 9. Il y a bien sur Paolo et Laurent, Patricia, Sonia, Marie-Pierre, Christophe, Alix, Yoann, moi (et madame Malchance qui est arrivée sans crier gare). On s’en serait bien passé mais que voulez vous, elle n’est pas du genre à céder la place. Donc, avec notre lot de malchance nous avons du (en plus de laisser plusieurs colis sur place) nous séparer car il y avait des problèmes de charge. 3 d’entre nous sont donc partis sur le CDG de 10h45. Quant au reste du groupe, nous avons du transiter par Orly. Transiter par Orly ça sous entend récupérer ses bagages à l’arrivée (180 kilos), les mettre dans le bus qui fait la liaison Orly-CDG, prier pour que le bus ne tarde pas trop à venir et ne soit pas complet. Une fois dans le bus, croiser les doigts pour qu’il n’y ai pas trop d’embouteillages.
Ca n’est qu’une fois arrivés à CDG que l’on peut commencer à souffler (enfin pas encore puisqu’il faut encore s’enregistrer sur le vol CDG-Bucarest. Il faut donc : refaire la queue, réenregistrer les bagages, aller à la cantine acheter un sandwich (mais les employés sont en grève), opter pour un café-clope au lieu d’un sandwich à 10€ (et oui, les finances sont ce qu’elles sont) et ça n’est qu’une fois tout cela terminé que l’on peut respirer un peu …. Juste avant de passer la douane, la sécurité, et attendre de savoir si nous pouvons partir (ou pas) sur le vol tant attendu. Une fois confirmés on nous annonce 20 minutes de retard. Les corps s’affaissent et les yeux deviennent vitreux. Tout le monde a un coup de barre, moi la première. On est encore en France et ça fait bientôt 12h que je suis debout ! Je profite d’être assise dans le bus pour faire une micro sieste réparatrice ce qui fait que je n’ai plus du tout sommeil une fois à bord.
Le voyage me semble long alors qu’il ne dure que 2h30. Nous arrivons à 20h20 heure locale à Bucarest, il fait 15°C.
Le frère Anton et la sœur Lucia nous attendaient à l’arrivée. Le transfert des bagages dans les véhicules est rapide. Nous sommes estomaqués par la réactivité du frère Anton. Si nous avions été à Ouaga, on en serait encore à se souhaiter la traditionnelle « bonne arrivée ».
Nous nous répartissons dans les différents logements prévus après avoir récupéré Sanda qui avait les clefs.
Samedi 27 Septembre 2008, Bucarest
Nous avions RDV avec le Frère Anton à 9h45 afin d’aller voir son centre. Tous les enfants ayant participé à la colonie d’été à Bucarest étaient présents. Ce sont des enfants issus de quartier défavorisés de Bucarest qui trouve dans ce foyer du réconfort à travers les amitiés qui se tissent et les activités qu’ils peuvent réaliser avec ce groupe. Aujourd’hui ce sont 30 jeunes qui profitent de ce centre géré par les Frères Franciscains. Parmi tous ces jeunes, 2 frères sont parrainés par GDJ due à l’extrême précarité de leur cellule familiale. Nous avons passé une excellente journée avec tous ces enfants. Nous avons passé la matinée à visionner les photos de leur camp de cet été puis, après avoir un peu joué ensemble nous avons déjeuné dans le centre. On nous avait préparé un beau buffet et les enfants se sont jetés sur le coca bien sur.
Le frère Anton avait tout prévu pour que nous partions visiter la maison du peuple et un RDV avait été fixé mais bien évidemment comme cette fois ci il semblerait que rien ne soit simple (que ce soit en France ou en Roumanie), il a reçu un appel ce matin disant que nous ne pouvions venir aussi nombreux, que le groupe devait être composé de 20 personnes maximum et qu’il fallait envoyer un fax …. Bien évidemment la visite fut annulée! Le plan B du Frère Anton à été de nous emmener visiter une église orthodoxe puis d’aller faire un tour au musée d’histoire roumain …. Nous voilà donc tous partis en tram direction le centre …. Pour finalement nous retrouver au musée qui exceptionnellement était fermé car il y avait une foire/exposition sur le tourisme roumain dans le hall central. Nous avons fait un petit tour puis sommes partis dans le parc qui jouxte la maison du peuple. Les enfants y ont joué un moment jusqu’à ce que le froid commence à s’infiltrer et nous avons alors emprunté le chemin du retour. Enfin Christophe et moi car les plus courageux sont partis rendre visite aux sœurs Félicitas et Stefania pour lesquelles GDJ a financé la colonie de Parul Rece, au mois d’août. Les sœurs gèrent le centre social « Casa Geppetto », situé à Radauti, au nord du pays (à la frontière ukrainienne), il a pour mission, d'aider les enfants pauvres, d’améliorer leur qualité de vie et de diminuer l'abandon scolaire. Il propose également aux enfants et à leur famille plusieurs services : des activités éducatives, scolaires, la possibilité de prendre une douche, un repas, la possibilité de laver leurs vêtements, ainsi qu’une assistance médicale.Moi je meure littéralement de sommeil et en profite pour faire une méga sieste.
Le soir nous nous sommes tous retrouvés pour un petit apéro dans un des appartements puis nous sommes allés manger dans un restaurant de cuisine traditionnel un peu ... disons ... spécial! Visiblement grand amateur de chasse et de Moyen-Âge le restau est rempli de tapisseries (d’origine ?), de peaux de bêtes étalées au sol ou placardées au mur et d’animaux empaillés. Heureusement nous n’avions pas la table de l’ours qui est si proche qu’il semblerait qu’il pourrait manger dans votre assiette. Un groupe de musiciens roumains est venu jouer pendant le dîner. Nous sommes rentrés à pied dans le froid un peu piquant. Petit verre de vin tranquille dans la cuisine à papoter avec Sanda avant d’aller se coucher.
Dimanche 28 Septembre 2008, Bucarest
Aujourd’hui nous sommes allés acheter des cigarettes au Salegros pour tout le groupe pendant que ce dernier partait avec le frère Anton visiter un monastère qui se trouve dans la périphérie de la ville. Je me met à taper mon journal (il était temps!) et cela m’occupe le reste de la matinée. Petit tour dans le vieux centre avec Christophe et Sanda puis nous rejoignons les autres pour le dîner.
Lundi 29 Septembre 2008, Bucarest – Paris – Marseille
Je passe ma matinée à régler différents détails comme faire des photos d’identité pour que Paolo puisse faire faire mon visa pour le Burkina, continuer mon carnet et me l’envoyer par mail, faire ma valise, aller dans la rue après avoir laissé les clefs de chez Sanda, remonter en courant car je me suis aperçue que j’étais sortie avec ses tongs et que j’avais laissé mes chaussure en haut (heureusement Filip était là !) … tout ça pour être à midi pétante au RDV fixé avec les autres. Nous empruntons le chemin du retour en direction de l’aéroport … ce fût un très bref voyage. Le voyage de retour sera long car avec le retard du premier avion nous raterons tous (sauf Alix et Yoann qui ont courus comme des dératés) le vol de correspondance et nous devrons zoner dans CDG pendant plus de 3h. Résultat, 12h de voyage aussi au retour.