Suite à l'article que j'ai publié le 18 Octobre sous le titre "Dégazage sauvage sur le Rhône" bordabord.org/news/degazage-sauvage-sur-le-rhone, j'ai été contacté par l'armateur du cargo fluvio-maritime EURIKA mis en cause dans cet article qui a tenu, fort logiquement, à s'expliquer. Il s'agit de la société TRANSITAINER basée en Bourgogne qui possède trois fluvio-maritimes naviguant régulièrement sur le Rhône: DIAMANT, EURIKA et WATERWAY.
DIAMANT en déchargement à Salaise EURIKA bloqué à Salaise WATERWAY remontant le Rhône
Dans l'affaire de l'EURIKA évoquée dans mon article, le responsable de TRANSITAINER apporte les précisions suivantes: Au mois de Juillet, une petite nappe a été repérée et photographiée par les services du CROSS (www.mer.gouv.fr/rubrique.php3) à proximité du bateau, alors que celui-ci se trouvait en mer. Il n'y a donc pas eu de pollution sur le Rhône, voilà déjà un point rassurant.
Le 13 Octobre dernier, le cargo a été immobilisé au port de Salaise par la Brigade Fluviale de la gendarmerie de Toulon, parce qu'un soupçon de pollution pesait sur lui. A ce jour, aucune preuve n'a pu être apportée et l'armateur dit n'avoir même pas eu connaissance des photos prises en Juillet. L'EURIKA sur lequel les soupçons pèsent toujours a été immobilisé pendant près d'un mois à Salaise et, pour pouvoir quitter le port, l'armateur a du verser une caution qui dépasse de très loin le montant de l'amende que j'avais annoncé dans mon précédent article. Le responsable de TRANSITAINER précise même que c'est à lui d'apporter la preuve que son bateau n'est pour rien dans cette pollution!
La société TRANSITAINER a été fondée il y a trois ans. L'objectif de son dirigeant est de "contribuer au transport multimodale, pour enlever des camions de la route". Il rejette donc toute accusation de pollution. Par ailleurs, Il explique qu'il ne peut pas faire le choix d'immatriculer ses bateaux en France car l'opération serait vouée à la faillite vu le montant des charges et des taxes perçues en France par rapport au prix d'achat de ces cargos et aux coûts d'exploitation générés. Le DIAMANT et l'EURIKA battent donc pavillon lituanien et emploient un équipage originaire de ce pays. Le WATERWAY (ex ALISSA) acquis plus récemment par TRANSITAINER a conservé son pavillon de complaisance à Saint-Vincent/Grenadines.
DIAMANT à la sortie amont de l'écluse de VAUGRIS
ALISSA devenu WATERWAY après avoir été racheté par TRANSITAINER
Le DIAMANT et l'EURIKA ont été construits en Hollande, il y a 17 ans et ont exclusivement navigué en rivière et sur la mer Baltique avant de venir sur le Rhône; pour l'armateur, ils sont en excellent état.
Enfin et toujours d'après le responsable de TRANSITAINER, le nombre de cargos fluvio-maritimes naviguant régulièrement sur le Rhône est en baisse ces dernières années (moins de 15 bateaux). Le nombre de fluvios venant occasionnellement sur le Rhône devant, de son côté, être en hausse.
Un grand merci à mon interlocuteur de TRANSITAINER qui aura permis, pour une fois, de mettre un nom et une voix sur un armateur du trafic fluvio-maritime, milieu qui, d'habitude, ne brille pas par sa transparence ......
Jean Louis VEY