Championnat de France de dégustation de la RVF (et visite de la Citadelle de Bourg)

Par Eric Bernardin

Je suis parti tôt ce matin-là pour être sûr d'arriver à l'heure. Ma prudence m'a permis de voir le soleil se lever sur Bourg. Mais aussi de me ballader un peu dans la petite ville. Le championnat se passait dans la salle de la Citadelle qui domine le bourg. La Citadelle, là voici :

On pourrait s'attendre à rentrer alors dans une salle voûtée du moyen-âge, en espérant qu'elles sera chauffée ;o) Pas du tout : lorsqu'on arrive par la porte officielle, la citadelle a une toute autre allure, plus ... classique:

Une belle surprise donc, que cette chartreuse du début XVIIIème. Le "papillon de lumière" que je suis n'a pu longtemps résisté à rentrer dans ce beau bâtiment...

Waoh! Ca à l'air bien organisé. Je salue le maître de séance, Philippe de Cantenac, qui me laisse découvrir les lieux. Très vite, je décide de faire un tout sur l'immense terrasse situé de l'autre côté du bâtiment (et que l'on apercevait sur la deuxième photo, en avancée de la tour.

La vue est absolument superbe, surtout avec cette lumière du levant

Ca me suffirait, comme résidence secondaire ;o)
Oups, 8h50! Rentrons!...

La salle s'est bien remplie, et parmi les nouveaux arrivants...

Julien et Sylvain!

Sylvain est mon partner, celui avec lequel je m'étais entraîné lors cette fameuse soirée à Bruges. J'espère que nous ferons mieux cette fois-ci!... D'un autre côté, lorsque l'on voit les différents participants arriver, on est pris d'un doute. Il y a les champions d'Europe en titre, plusieurschampions de France... Nous sommes vraiment des bleus...

Tout le monde s'est assis. Philippe de Cantenac nous fait le speech d'introduction. Il présente un à un chaque duo en compétition, avec beaucoup de professionnalisme. Un vrai maître de cérémonie!

C'est parti! Frantz, le sommelier, nous sert le premier verre de la journée.

Nous commençons par les vins blancs

Vin n°1 : robe dorée, à la bulle rare (le vin a été carafé). Joli nez sur la poire bien mûre, les épices chaudes. Bouche dense dotée d'une belle fraîcheur. Longue et belle finale. Ca semble être un champagne. Ne reconnaissant pas la signature du chardonnay (brioche, noisette, beurre chaud...), je pars sur une dominante pinot noir. Sylvain ne se prononce pas, se jugeant incapable de différencier les deux (comme si je l'étais...). En fait, il s'agit d'une cuvée Blanc de blancs (donc 100% Chardonnay) de la maison Cattier. Bon au moins, nous avons l'appellation de bonne ;o)

Vin n°2 : robe pâle aux arômes de "roche fumée", de miel, cire et agrume. Bouche fraîche, ample, avec de la race et de la profondeur. Belle finale persistante.  Nous partons sur un Chablis (100% chardonnay). Ben ce coup-ci, ce n'en est pas un. C'est un Cairanne blanc (les Travers 2007 du domaine Brusset) aux multiples cépages :  Clairette (30%) Grenache (30%), Roussane (20%), Marsanne, Viognier. Bravo à ceux qui l'ont trouvé (Y en a-t-il?)

Vin n°3 : robe entre l'or et l'argent. Nez fumé, bien mûr, aux notes d'agrumes. Bouche ample, cristalline, de belle intensité aromatique. Belle finale sur des notes fumées. Je pars sur un Bordeaux blanc (dominante sauvignon). Sylvain sur un Jurançon (gros manseng). Finalement, nous partons sur la première hypothèse, en se disant qu'au prochain vin, ce sera la réponse de Sylvain qui sera prise en compte. Ce n'est ni l'un, ni l'autre - pas de regret à avoir. C'est un Chassagne Montrachet (donc 100% chardonnay) Clos Saint Marc 2004 d'Olivier Leflaive. Nous avons tout de même le millésime de bon...

Vin n°4 : robe plus intense. Nez sur le miel et les fruits blancs mûrs. Bouche presque suave, équilibrée par une jolie acidité, avec des arômes terpéniques. Fin sur une noble astringence. Nous partons tous les deux dans la Loire, avec un Montlouis 2001 de Chidaine (Chenin). Le savant décalage continue :  c'est un Jurançon (gros manseng), cuvée à l'Esguit 2007 de Camin Larredya.

Vin n°5 : robe assez proche. Nez d'une grande intensité, solaire, sur le citron confit et les aiguilles de pin. Bouche loooongue, de grande amplitude, soutenue par une finie acidité. Longue et belle finale. Allez, ça c'est un Riesling d'Alsace. Alors là, accrochez-vous : c'est un Montlouis 2001 "les Choisilles" de Chidaine!!! A se taper la tête contre les murs!

A ce stade de la compétition, on peut se dire que si l'on pouvait gagner aussi dans le désordre, nous aurions été dans les premiers ;o)

Série de vins rouges...

Vin n°6 : robe rouge sombre, opaque. Nez un poil fermentaire (notes lactiques), sur des notes de fruits éclatants, d'épices et de réglisse. Bouche ronde, pulpeuse, fruitée, aux tannins veloutés. Finale un peu raide, entre amertume et astringence. Nous tombons assez vite d'accord sur un carignan du Languedoc. Evidemment, ce n'est pas du tout ça :  c'est un Fronton (Négrette), Château la colombière 2006.

Vin n°7 : robe grenat, translucide. Nez solaire sur des notes de fruits compotés, de cuir et d'épices. Bouche ample, généreuse, aux tannins souples. Durcissement sévère en finale. Ce coup-ci, c'est facile. C'est un grenache (Vacqueyras). Encore perdu : c'est un côtes de Bourg. Château Haut Macô "cuvée Jean Bernard" 2004 (dominante merlot). Le millésime nous sauve. Nous marquons 1 point...

Vin n°8 : robe rouge violacée. Nez sur le cassis (fruit + bourgeon), et les épices. Bouche mâchue, bienfruitée, aux tannins encore anguleux. Là, ça ne peut qu'être un cabernet (franc) de Loire un peu trop extrait. Le décalage est de retour :  c'est un dominante grenache!! C'est un Clos des Calades 2005 (languedoc). Aaargghh!!

Vin n°9 : robe pourpre. Nez sur les fruits rouges, le poivron et les épices. "Là, on est chez nous" soupire Sylvain. La bouche sphérique, fraîche, aux tannins bien intégrés nous le confirme plus ou moins. Allez, on se lance : c'est un Moulis (dominante Cabernet sauvignon). Le sort s'acharne : c'est un Faugères à dominante Syrah de H and B (millésime 2005). Là aussi, nous avons le bon millésime ;o)

Vin n°10 : robe violacée, nez superbe quoique à tendance international (élevage noble, crème de fruits noirs, violette, épices douces). Bouche ronde, avec de la fraîcheur et des tannins veloutés. Finale trèèèèès tannique. Nous avons deux options : cahors ou madiran. Nous choisissons finalement Madiran (tannat). Mauvaise pioche! C'est un Cahors : château Lagrezette 2005 (malbec).

Vin n°11 : robe sombre. Nez classieux sur les fruits noirs, le Zan et les épices. Bouche ample, pleine, au fruité intense. Finale gourmande sur la cerise noire. Nous partons sur un Crozes (Syrah). Encore perdu : c'est un Bandol (Mourvèdre). Château la Bégude 2004.

Vin n°12: robe dorée. Nez sur la figue et l'abricot. Bouche plutôt ample, mais franchement aqueuse. On cherche du gras en vain... Finale sur la mirabelle, assez persistante. Je pars sur un Sémillon. Sylvain penche pour un Chenin. Nous prenons la mauvaise solution, à savoir le chenin. C'est en fait un Sémillon. Chateau Myrat 2002 (Barsac).

Bon, autant dire que nous ne sommes pas dans les premiers. En fait, nous ne savons pas exactement à quelle place nous sommes, parce que nous n'avions pas noté notre numéro de table ;o) Nous supposons que nous sommes tout de même en queue de peloton car nous n'avons pas marqué beaucoup de points...

Et voici le duo gagnant : Denis Marniesse et Jean-Claude Deluc du club bordelais "tire-bouchon attitude". Un très grand coup de chapeau, parce qu'ils n'ont pas gagné dans un mouchoir de poche. Ils ont plusieurs dizaines de points d'avance sur les seconds!!!

Et le méga-super grand prix de la camaraderie et du bon perdant à Jean Luc Dantou, arrivé troisième qui avait l'air plus heureux que ses deux amis gagnent plutôt que lui-même. Je n'ai pas saisi le moment où il a appris leur victoire, mais il a fait un saut de joie limite dangereux pour le plafond de la salle!

Nous sommes ensuite allés nous restaurer au Plaisance où nous avions déjà mangé quelques jours plut tôt. Nous avons retrouvé quelques têtes connues et dégusté tout le long du repas des Côtes de Bourg offerts par les viticulteurs du syndicat.

Ce fut en tout cas une belle matinée, conviviale et instructive. C'est le genre d'évènement qui vous rend définitivement humble et vous fait comprendre que ce qui compte avant tout, c'est de prendre du plaisir à boire des bons vins!