La hausse du chômage en octobre reflète la dégradation rapide de l'activité

Publié le 28 novembre 2008 par Torapamavoa Torapamavoa Nicolas @torapamavoa

En octobre, 46.900 nouvelles inscriptions ont été enregistrées à l'ANPE (+ 2,4 %), selon les chiffres diffusés hier. Le chômage remonte au niveau de mai 2007, date de l'élection de Nicolas Sarkozy. Le gouvernement va conditionner les aides à l'automobile à des « engagements précis » sur l'emploi.



Le mois dernier, le gouvernement avait accueilli sans forfanterie la « hausse limitée », à 8.000, du nombre de demandeurs d'emploi en septembre, conscient que le rythme pourrait rapidement s'accélérer. Hier soir, les chiffres de l'Agence nationale pour l'emploi (ANPE) n'ont pas démenti ses intuitions : en octobre, 46.900 nouvelles inscriptions en catégorie 1 (demandeurs d'emploi à la recherche d'un temps plein en CDI et ayant travaillé moins d'un mi-temps dans le mois) ont été enregistrées, soit une hausse de 2,4 % par rapport au mois précédent. Sur un an, la hausse atteint 4,4 % et la barre des 2 millions de chômeurs (2.004.500) est à nouveau franchie, alors que la France s'en était éloignée depuis mai 2007, date de l'élection de Nicolas Sarkozy.

Licenciements économiques

Symbole politique, la nouvelle première secretaire du PS, Martine Aubry, a demandé hier « un changement radical de politique économique ». Le nombre de demandeurs d'emploi reste néanmoins très loin du record de 3,14 millions de chômeurs enregistrés en juin 1997. En Allemagne, toutefois, c'est encore une baisse du nombre de demandeurs d'emploi qui a été comptabilisée (lire ci-dessous).

Alors qu'en France, la hausse - quasi similaire (+ 2,2 %) - du mois d'août avait reflété le coup d'arrêt aux recrutements dans l'intérim, celle d'octobre avalise la dégradation généralisée de l'activité. En octobre, se sont succédé, dans les entreprises, des mesures de chômage technique, l'annonce de plans de départs volontaires ou de licenciements, ainsi que des ouvertures de procédures de redressement ou de liquidation judiciaire de grandes PME (Camif, Voyages Wasteels, Moteurs Baudouin, Switch...).

Si les salariés concernés par le chômage partiel ne sont pas comptabilisés comme chômeurs (car leur contrat de travail perdure), le nombre d'entrées à l'ANPE pour licenciement économique a crû de 5,1 % sur les trois derniers mois par rapport aux trois mois précédents, et celles pour fin de mission d'intérim de 11,5 %. Au sein des nouveaux chômeurs, les jeunes (+ 4,3 %) sont particulièrement touchés, signe aussi, probablement, d'une frilosité dans les recrutements.

L'Insee publiera jeudi prochain son estimation du taux de chômage au troisième trimestre. Etabli à 7,2 % de la population active au deuxième trimestre, l'OCDE le prévoit à 7,5 % en décembre. La dégradation se poursuivrait au moins jusqu'en 2010, parie l'OCDE, avec un taux de chômage qui culminerait alors à 8,7 %.

Longue mise en oeuvre

La ministre de l'Economie, Christine Lagarde, se rend aujourd'hui chez Valeo au chevet de la sous-traitance automobile. Hier, elle a prévenu que les aides consenties aux constructeurs seraient conditionnées : « Nous n'aiderons et nous ne soutiendrons le secteur qu'en contrepartie d'engagements précis sur le niveau d'emploi, sur le maintien de la recherche et développement sur le territoire français et sur des décisions en matière de localisation de production », a-t-elle indiqué au Sénat. Le gouvernement a multiplié, ces dernières semaines, les annonces pour amortir la hausse du chômage : relance des contrats aidés dans le secteur non marchand, extension du contrat de transition professionnelle (CTP), amélioration de la convention de reclassement personnalisée (CRP), revalorisation de l'indemnisation du chômage technique, etc.

Certains dispositifs, toutefois, restent limités ou longs à mettre en oeuvre. En octobre, le nombre d'entrées en contrat d'accompagnement à l'emploi et en contrats d'avenir a de nouveau ralenti, à moins de 20.000, alors qu'une relance est engagée depuis l'été. Sur le chômage partiel, les partenaires sociaux attendent, avant de réécrire l'accord de 1968, le montant de l'engagement financier de l'Etat (lire ci-dessous). Et l'extension de 7 à 25 zones proposant le CTP, pour les licenciés économiques, prendra aussi du temps. Hier, enfin, la présidente du Medef, Laurence Parisot, a indiqué que le négociateur patronal à l'Unedic proposerait aux partenaires sociaux de mettre l'amélioration de la CRP « en premier dans la négociation ».