L'excellent porte-parole et lobbyiste de l'UMP, le député Frédéric Lefebvre, s'est amusé à la provocation gratuite mardi 25 novembre. Alors que la loi sur la réforme de l'audiovisuel public entrait en examen à l'Assemblée Nationale et qu'un mouvement de grève secouait les chaînes et radios publiques, le dit député s'est autorisé à réaffirmer que cette réforme devrait entraîner une baisse des effectifs à France Télévisions: environ 900 départs à la retraite ne devraient pas être, selon lui, remplacés, auxquels s'ajouteraient les départs volontaires: "ça peut faire plus que 900 personnes." Au même moment, le député proposait un amendement à cette loi pour instaurer un quota de minorités visibles sur les écrans et les ondes de l'audiovisuel public.
Le député n'est pas avare de propositions en matière de contrôle des médias : il suggère des émissions, veut contrôler l'Internet, imposer la discrimination positive sur les écrans français.
Mais mercredi, patatras. Il a été retoqué par ses pairs.
Mercredi en effet, Frédéric Lefebvre s'est vu retoqué son amendement au Projet de Loi de Finances prévoyant un avantage fiscal pour investissement dans les "pays en voie de développement". Un sursaut des députés présents ? Avec l'aval et le concours technique du gouvernement, Frédéric Lefebvre avait souhaité créer une nouvelle niche fiscale : selon cet amendement, un foyer pouvait défiscaliser 25% des sommes investies dans des entreprises françaises implantées dans les pays sous-développés. La liste de ces pays "agréés" était définie par l'Etat et les investissements devaient transiter par des sociétés d'investissement également agréées par le Ministère des Finances.
Dans le préambule de son amendement, le député expliquait que 255 sociétés françaises étaient déjà implantées en Afrique.
Pour qui donc travaillait le député Lefebvre ?
L'un de ses collègues a ironisé en séance sur sa capacité de travail : "Voilà un amendement tout à fait impressionnant ! Il faut rendre hommage à notre collègue : rédiger seul - puisqu'il en est l'unique signataire - un amendement d'une telle complexité technique..."
Frédéric Lefebvre arguait enfin que ces investissements directs des ménages pourraient ainsi se substituer à l'aide publique d'Etat à Etat. Investissement privé contre aide publique ?
Lors de son examen il y a quelques semaines, le député communiste Jean-Pierre Brard a eu cette réponse lapidaire et bien trouvée : "Que nous est-il proposé ? Non pas des projets de codéveloppement, mais des facultés d'investissement. Il s'agit d'une démarche néocoloniale classique : le blanc dominateur décide pour le noir, parce que les Africains ne savent pas ce qu'il leur faut - c'est bien connu - alors que les blancs, eux, savent..."
L'amendement a été supprimé.&alt;=rss