Les médias sont classiquement présentés comme le quatrième pouvoir. Philosophiquement, cette thèse diverge d’avec le droit, théoriquement consubstantiel de la démocratie, à l’information.
Noam Chomsky, qu’on ne présente plus, linguiste structuraliste du MIT qui s’est intéressé aux mécanismes de la cognition, et qui reste un des seuls authentiques penseurs de la gauche radicale américaine a publié en 1988 , avec E.S. Herman «La fabrique de l’opinion publique» (Ed. du serpent à plume, 2002) dans laquelle il analyse les critères qui amènent les médias à choisir de publier tels ou tels types de contenus.
Sans tomber dans la théorie du complot de la main invisible d’une finance manipulant méticuleusement les journalistes, ou les forçant, il explique pourquoi ceux-ci peuvent être, de bonne foi, partie-prenante d’une stratégie de déformation d’une information «libre et non-faussée» et comment, la situation objective des médias peut les conduire à tous converger vers des consensus que nous avons tous connu, y compris en France, notamment lors du référendum sur le Traité Constitutionnel Européen.
Cette analyse fait suite à un traitement scientifique de l’information, en comptabilisant au mot et à l’article près le traitement de divers grands sujets.
Il montre d’abord comment les médias américains sont devenus propriétés de cinq grands oligopoles, phénomène que nous commençons à connaître en France où, spécificité française, ce sont aussi des «marchands de canons» qui se construisent des empires de presse.
L’ouvrage a été complété, retraduit et publié en version intégrale, (Ed. Agonne, 2008) dans «La Fabrication du consentement».
Le «modèle de propagande» proposé dans l’ouvrage identifie les cinq principaux filtres qui permettent de rendre compte de la structure du système qui aboutit à ces étonnants consensus médiatiques sur un certain nombre de sujets, et peut expliquer, notamment, en ce qui concerne la gauche française, l’engouement ségoléniste de la presse française.
La suite demain.
- Une TVA sur les opérations financières ? Et pourquoi pas après tout ?
- Télévision et UMP, sur Rue 89.