Alors qu’en France est soulevé le scandale des notes (et des actions) de l’ancien directeur des RG, je vous propose la lecture d’un ouvrage édifiant sur le monde souterrain du renseignement aux USA et en particulier sur le maître en la matière, Edgar Hoover. Cet homme a été le patron du FBI pendant près de… cinquante ans !
Il est vrai que l’époque se prêtait mieux à cette longévité qu’on a du mal à imaginer de nos jours. Mais imaginez quand même ! Imaginez l’un de nos ministres de l’intérieur (à votre choix, selon vos goûts..) demeurer aussi longtemps en poste et traverser les périodes gaullienne, pompidolienne, giscardienne, mitterrandienne et chiraquienne assis sur le même fauteuil, dans le même bureau, la main fermement posée sur fiches, cahiers ou carnets, récoltés soigneusement, classés méticuleusement, divulgués avec parcimonie et fine sélection. Froid dans le dos, non ?
Bon, je reviens à Edgar Hoover , américain, boss du FBI de 1924 à 1972. Une paille ! et encore, il a fallu qu’il meure pour libérer la place, sinon Obama… non, là ça fait trop, même pour ce surhomme directeur du FBI en 1924, à… 29 ans ! La mort n’était pas fichée par Hoover, il ne pouvait rien faire pour s’en sortir une fois de plus.
Notre homme donc est mis sous surveillance par Marc Dugain dans son livre : La malédiction d’Edgar. C’est Clyde Tolson, son homme de paille au FBI (le numéro 2 de la maison quand même), l’ami très fidèle (et très intime) que Marc Dugain a choisi pour nous conter cette longue et intéressante période de l’histoire des USA (et donc du Monde entier). Et là, accrochez-vous, ça déménage dur dans les légendes kennediennes véhiculées dans les parterres people d’une époque en mal de héros. Aucun président des Etats-Unis n’en sort indemne. L’homme du combat anti-communiste, celui qui adorait la politique mais refusait de se soumettre à la petitesse de l’acte électoral, celui qui a fait le FBI, celui qui a institutionnalisé les écoutes téléphoniques (sans jamais se faire prendre - “le Watergate a été réalisé par des amateurs !“), celui qui tenait à distance la mafia (qui elle le “tenait” aussi ! - ah ! cette photo de lui en compagnie de… ), cet homme là fut un monument de la politique de la cité. L’homme des basses oeuvres, détesté de tous mais accepté par tous, démocrates ou républicains, par peur ou par volonté de puissance, toujours par intérêt.
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