Éleveur de fourmis

Publié le 27 novembre 2008 par Paristoujoursparis

Albert Fournier, dans son merveilleux livre Métiers curieux de Paris, a conté avec talent l’étrange rencontre qu’il fit dans les années 1840, d’un ancien éleveur de fourmis. Le bonhomme au visage tatoué abritait sa boutique d’oiseaux en tous genres, de volatiles morts et consommables, dans une sombre cave de la rue Quincampoix. Dans la pénombre, sur une planche, l’écrivain put apercevoir quelques merles, des corbeaux freux, des corneilles, des grives, un bouvreuil ! Le braconnier, qui venait de se séparer de son guetteur, une gamine triste « et qui semblait avoir poussé entre les touffes de bruyère dans le jaillissement irrépressible de la vie », cessait son activité. Désormais, le pique-bois ne se vendrait plus sous le manteau. Pourtant quel ragoût délicieux ! (cuisson trois heures).

En veine de confidence, le braconnier expliqua à son visiteur qu’il avait été autrefois éleveur de fourmis, dans une maison de l’impasse Guépine, près de la rue de Jouy, où il habita plus de quarante ans. Les ouistitis et les passereaux du Jardin des Plantes se régalaient alors de ses vers de farine. Dans une pièce surchauffée à l’aide d’un poêle rougi, il faisait pondre ses fourmis à volonté. Les œufs étaient ensuite envoyés dans les volières de Paris et d’Île-de-France. « De la qualité monsieur ! pas de ces pâtés industriels que l’on donne maintenant aux faisans qui, de toute manière, sont de plus en plus rares dans les châteaux ! »Du son, des carottes et de vieux chiffons suffisaient à faire éclore des œufs de papillons.

Un artisanat pittoresque et poétique complètement disparu du pavé de Paris. Mais, au fait, que mangent donc nos faisans du début du XXIe siècle ?