Blog PARIS LIBRE (correspondant à Paris pour la Libre Belgique)
25.11.2008
Un jugement
Dépôt illégal d’objets sur la voie publique. C’était donc la qualification officiellement retenue pour évoquer le sort d’hommes, de femmes et d’enfants logeant dans la rue. Et ce, au moment même où, dans sa dernière campagne de sensibilisation, le Samu social présente un spot montrant des éboueurs ramassant des poubelles sur le trottoir mais y laissant un SDF dormant dans son carton – suit un slogan disant en substance: «En hiver, même vos poubelles, on ne les laisse pas passer la nuit dehors».
«On n’est pas des rebuts, ni des embarras», ont protesté hier, devant le tribunal, les membres du DAL après leur condamnation. Jusqu’au sein du gouvernement, ce jugement suscite l’incompréhension voire l’indignation. Ainsi, ce matin à la radio, le propre collègue de la Garde des Sceaux, le haut commissaire gouvernemental à la pauvreté Martin Hirsch, a dit sa colère que la justice puisse ainsi vouloir «mettre à genoux», en les étranglant financièrement par des amendes, des associations caritatives qui, même si on ne partage pas toujours leurs modalités d’action, oeuvrent légitimement et inlassablement en faveur de la défense des plus pauvres.
Mais
enfin, les pauvres de Paris et d’ailleurs se consoleront en pensant que
le plus dur est passé et qu’ils n’ont plus qu’un hiver à tenir. En
effet, dans six mois, la France bénéficiera d’une politique
d’hébergement d’urgence digne de son nom. Oui, oui, c’est Nicolas
Sarkozy en personne qui l’avait promis, pendant sa campagne. Promis,
juré: deux ans après son accession à l’Elysée (en mai 2007), plus
aucune personne en France ne serait forcée de dormir dans la rue faute
de places dans les structures d’hébergement. Et le candidat UMP
avait martelé le même slogan de meeting en meeting: «Moi, si je suis élu, je ne vous trahirai pas, je ne vous mentirai pas, je ne vous décevrai pas». Les SDF de Paris se réjouissent déjà, en mai prochain, de voir cela.