Je m’attaque à du lourd. Ce buzz a fait le tour des blogs, sites d’infos et des journaux. Je veux parler du buzz de FO pour la campagne des élections prud’homales (le 3 décembre). Une campagne très bien réussie mais révélatrice de certaines tendances lourdes du syndicalisme français.
En quelques mots, le résumé élogieux par Marc Landré du blog du Figaro, Les dessous du social, ici.
Avez-vous vu la campagne de Force ouvrière pour les prud’homales ? Non ! C’est un bijou de modernité révélé par le site Rue89 qui devrait leur rapporter quelques voix le jour des élections. Une campagne virale réussie, en 3 actes.
1) Le syndicat a déposé sur Youtube deux vidéos de l’entreprise Critalec, présidée par Jean-François Daigneron, peu respectueux du droit de ses salariés. Voici ces vidéos ici et là où l’on voit JF Daigneron casser une grève dans son entreprise et où l’on découvre JF Daigneron insulter Jean-Claude Mailly.
2) FO a ensuite mis en ligne un blog sur Critalec où les salariés racontent ce que leur PDG leur fait subir : le site des victimeOtravail, ça ne s’invente pas… Sincèrement, allez-y, il est truffé de surprises.
3) La solution ? Pour éviter ça, c’est Jean-Claude Mailly qui fournit la réponse sur le site officiel de campagne de FO.
Grâce à ce bijou de communication sur internet, FO casse son image conservatrice et tente de toucher les publics qui ne votent pas aux prud’homales, notamment les salariés des PME. On verra, le 3 décembre, si la centrale a eu raison de faire du buzz sur la Toile.
Je salue également l’initiative de FO de faire une campagne qui s’adresse au plus grand nombre et qui dépasse les frontières traditionnelles, les affiches ou les discours des délégués syndicaux.
Mais je condamne le fait que FO ne trouve pour se faire entendre que de parler de patrons-voyous, irrespectueux des droits des salariés avec des scandales dignes de l’amiante, comme sur le skyblog des faux salariés de Critalec.
Même si c’est pour le bon déroulement de la campagne, pourquoi un syndicat est-il obligé de stigmatiser l’attitude de certains patrons voyous pour se faire entendre ? La manière dont cette campagne fut menée me conforte dans l’idée que les syndicats Français ne sont pas sortis de leur logique conflictuelle, j’irais même jusqu’à dire de “lutte des classes” et que coopération et discussion sont réservées aux autres pays européens. Attention ! Je ne dis pas qu’il ne faut pas résister à des politiques gouvernementales qui ont tendance à agir plutôt en faveur du patronat (ça il fallait s’y attendre).
Je crois honnêtement qu’il faut sortir de ce conflit latent et engager des discussions avec toutes les parties prenantes sur les questions brûlantes, aller plus loin que ce qui se fait déjà aujourd’hui en matière de “table ronde”. La gestion de la discussion par la CFDT sur le dossier du Fret est un exemple en la matière même si tout le monde sait bien que le Fret devra y passer aux vues des déficits incessants. Au moins la démarche est bonne.
Puissions-nous avoir des syndicats plus matures…