N‘en déplaise à la ministre du logement, Christine Boutin, on s’autorisera à commenter une décision de justice. La condamnation, lundi 24 novembre, de l’association Droit au logement (DAL) à une amende de 12 000 euros pour avoir installé à l’automne 2007 un campement de mal-logés rue de la Banque, à Paris, est unedécision choquante. “Question d’ordre public”, a tranché la ministre avec un sens aigu de la nuance.Il s’agit, au contraire, d’une question de principe.
Et de morale politique et sociale.
Répliquant à sa collègue du gouvernement, Martin Hirsch, haut-commissaire aux solidarités, l’a dit à sa manière : “C’est un mauvais signe que de condamner des militants qui n’avaient d’autre motivation que de sensibiliser l’opinion.”
Il a évidemment raison.
La mort d’un quatrième sans-abri en un mois dans le bois de Vincennes en témoigne malheureusement : au-delà de cette succession de drames individuels de la misère et de la solitude, la France ne sait toujours que faire de ses quelque 100 000 SDF, errants, vagabonds ou “clodos”.
Un an plus tard, la situation est inchangée ou presque.
Les pouvoirs publics continuent de bricoler des solutions d’hébergement d’urgence, dont chacun sait qu’elles ne sont ni convaincantes ni dignes.
Il n’y a pas de solutions simples.
Mais, au moment où les professionnels de l’immobilier s’alarment de la crise qui frappe leur secteur et appellent à l’aide le gouvernement, ce dernier serait bien inspiré de saisir l’occasion pour mettre en oeuvre une véritable politique du logement, offensive, sociale et globale.
Ne serait-ce que pour éviter à ce pays la honte de voir des malheureux mourir aux portes de Paris.
Edito du journal Le Monde du 27.11.08