Au début, si vous n’en achetez pas, on vous en offrira. Et ensuite, de toute façon, c’est comme pour le reste, les principes de départ cèdent devant la tentation quotidienne et la joie manifeste du fruit de vos entrailles à vous casser les oreilles : vous voilà obligé de cohabiter avec un orchestre cacophonique de jouets plus bruyants les uns que les autres. Pardon, de jouets d'éveil musical. Pour la musicalité, je ne suis pas certain, mais pour l'éveil c'est clair que personne ne risque de s'endormir dans un rayon de quelques dizaines de mètres. Depuis le bruit de papier froissé à base de sac plastique recyclé cousu dans du tissu, en passant par le hochet, le pouet-pouet, les grelots dans les peluches, la vraie boîte à musique authentiquement métallique, le xylophone jamais aphone, les sifflets suraigus jusqu’aux insupportables appareils électroniques qui claironnent une version synthétique de « Mary had a little lamb » dans tout jouet plastique multicolore venu de Chine, l'inventivité des fabricants n'a de limite que le nombre de décibels autorisés. A quoi peut bien servir tout ce tintamarre ?
- Flatter les parents : Mozart a peut-être composé un opéra à 5 ans, mais à 10 mois votre fille, elle, savait déjà retrouver « Dansons la Capucine » dans son livre musical.
- Localiser le bébé : en attendant qu’on implante une petite cellule GPS dans la nuque du bébé à la naissance, avec géolocalisation en temps réel sur l’Iphone des parents, vous pouvez savoir, à l’oreille, si votre rejeton est toujours dans sa chambre ou s'il persévère dans ses tentatives d'escalader la bibliothèque par la face nord.
- Ne pas donner de mauvaise habitude aux voisins : ce n’est pas parce que la période des réveils à 3h du matin est terminée qu’ils doivent espérer retrouver un univers calme. On ne sait jamais si le prochain était en préparation…
- Faciliter la transition vers la vie en société : dans le ventre de sa mère, le fœtus n’entendait que des bruits feutrés. Puis, en naissant, il a poussé son premier cri. Il est temps qu’il apprenne que la vie est une jungle et qu’il va devoir non seulement hurler, mais encore plus fort que les autres.
- Rendre l’enfant progressivement sourd : à 5 ans, introduction d’un iPod. A 8 ans, concert de Hannah Montana. Suivi, 6 mois plus tard, par Tokio Hotel. A 10 ans, premier sonotone, de toute façon parler c’est devenu ringard, tout le monde communique par SMS, c’est plus rapide.
Réflexion faite, les jouets des parents font aussi du bruit et les versions pour le bébé reproduisent juste ceux des grands : sonnerie de portable, voiture, aspirateur, télé, perceuse, GPS... sans compter la batterie de papa.