Mais j'ai lu par ci par là quelques articles qui m'inspire un certain besoin de témoigner en faveur de la rondeur.
L'heure est au régime pré-noëlesque, la hantise des kilos qu'on risque de prendre. Comme si Noël devenait un cauchemar quand on est en âge de "faire un régime". Comme si la populace se forçait à festoyer avec appétit.
Le monde des grands, il est même pas drôle.
Ma vie de rondouillette fut un yoyo de "conseils" et de clichés. Et à trop écouter les autres, on n'oublie de s'écouter soi-même.
Au début de ma petite vie, on me disait "Manges ma fille, tu dois encore grandir". Forcément, être grande, c'était mon rêve. Alors j'ai mangé, et mangé, pis mangé.
Dans ma famille, les femmes sont presque toutes munies d'un ventre bedonnant, donc j'en avais hérité. Je le trouvais très moche mais apparemment impossible de l'effacer. Alors quand j'ai commencé à aller à l'école, on s'est moqué, on m'a insulté.
Le monde des enfants, il est même pas si drôle non plus.
Mais être la grosse, ça a certains avantages. Parce qu'au fond, j'étais pas vraiment grosse, non, j'étais costaud et en plus j'étais grande pour mon âge. Alors, les garçons de ma classe me prenaient pour leur potes, celle qui peut tabasser tout le monde du petit doigt.
Pis un jour, j'ai arrêter de tabasser tout le monde. J'étais devenu la dangereuse le jour où j'ai pris un camarade par les jambes et que je l'ai laissé tomber sur la tête.
Du coup, être grosse, c'était pas drôle.
C'est con, j'étais grosse alors que je faisais plein de sports (foot, patinage artistique, basket, badminton, natation). Pis je mangeais très bien aussi (Merci Moman pour les légumes et le frigo interdit entre les repas).
Pis un jour, j'ai grossi encore des nénés et j'ai pris aussi sur le popotin. J'étais super fière, porter un soutif à 9 ans alors que les autres, elles avaient que des petits nénés de petites filles. Mais j'ai vite déchanté quand j'ai remarqué qu'en fait c'était super dur de courir un 100m avec un 90C.
Le monde des gros nénés, il est même pas pratique.
Alors, on a continué à me traiter de grosse. Et j'y ai cru. Jusqu'au jour où j'ai pris 30 kg en 3 ans.
- A 14 ans je faisais 1m75 pour 85kg
A 17 ans je faisais 1m78 pour 123 kg
Et tout ça très gentiment, sans m'en rendre compte. Oui parce que j'étais heureuse pendant ces 3 ans, et quand je suis bien, je mange. J'étais resté active (beaucoup de vélo, de marche) mais je mangeais 4 repas par jour. Bien copieux, bien chocolaté et bien gras.
Et c'est là que je me suis rendu compte que "Wouah, là, je suis grosse". J'ai pris conscience de la chose quand un jour, pendant un de mes trajets en bus, j'ai senti ma graisse vibrer dans les turbulences du trafic.
Après cette révélation, je n'avais pas paniqué pour autant. Ok, j'étais grosse, mais que de succès envers les hommes. Même si j'en trouvais encore à ne pas vouloir de moi à cause de ma graisse, j'en trouvais d'autre qui ne jurais que par mes formes.
Le monde de la rondeur, il est même vachement bien.
Et c'est là que je me suis posée une grande question :
Entre ta vie d'"avant les 30kg" et ta vie de maintenant, dans laquelle es-tu la plus heureuse?
J'ai répondu sans hésitation MAINTENANT.
Prendre ces 30kg m'a rendu très tolérante face aux autres, j'ai appris aussi à relativiser le gras, à ne plus être frustrer devant une glace au chocolat double crème, savoir aimer la vie.
J'ai aussi passer par des étapes de vie très difficile (sans toit ni nourriture), des périodes où j'ai perdu 20kg en 3 mois. J'étais même pas fière de mon corps, je n'avais pas le temps ni le morale pour l'être. Mais après cela, j'ai juste appris à profiter des joies de la vie dont un bon repas chaud, sans se poser trop de question.
Bien manger accompagné de M.DeCons reste un des meilleurs moments de chaque jour.
Aujourd'hui je regarde mes rondeurs avec fierté, et même si j'ai entrepris de faire attention, c'est que je sentais que je ne mangeais pas correctement, et non pas parce que je me trouve grosse. Je pense que toute la différence est là.
Et comme il faut que j'entretienne toute ces rondeurs, c'est pas en mangeant une salade par jour que j'y arriverai.