Pour remplacer le télescope spatial Hubble, présentation de JWST au Vieux-Port de Montréal
Matthieu Burgard Agence Science-Presse - Serait-ce un OVNI que l’on peut voir en ce moment sur les quais du Vieux-Port de Montréal? Rassurez-vous, les martiens n’ont pas encore débarqué. Il s’agit en fait d’une maquette grandeur nature du plus puissant télescope spatial jamais construit, le James Webb Space Telescope (JWST).
Ce drôle d’engin prendra du service dès 2013 pour sonder les profondeurs de l’Univers et en extirper de fascinantes informations sur nos origines. Ce super télescope, qui porte le nom d’un ancien directeur de la NASA, sera 10 à 1000 fois plus puissant que ses prédécesseurs. « Hubble a réécrit les livres d’Astronomie. C’est sûr que JWS fera la même chose et même davantage » annonce avec enthousiasme René Doyon, astronome et co-investigateur du projet pour l’Université de Montréal.
Sur le gazon du Vieux-Port de Montréal, il ressemble à une énorme pointe de pizza de 5,5 tonnes surplombée d’une parabole. Pourtant, le JWST est le nouveau télescope spatial qui va révolutionner nos connaissances sur l’espace. Fruit d’une collaboration internationale entre la NASA, l’agence spatiale européenne et l’agence spatiale canadienne, il succédera dignement à Hubble. Cet observatoire de pointe aura pour mission de détecter aux confins de l’Univers les premières galaxies et les étoiles qui se sont formées après le Big-bang et d’étudier leur évolution. Il fournira également de précieuses informations sur la formation des planètes extrasolaires et la composition de leur atmosphère. Il y détectera peut-être des particules nécessaires à la vie…
JWST examinera l’espace dans les infrarouges, car c’est ce type de rayonnement qui est émis par les plus vieux objets célestes. Comme ces émissions sont très faibles, il est équipé d’un miroir de 6,5 m de diamètre, soit sept fois plus gros que celui de Hubble. Pour optimiser la réception des infrarouges, cinq pare-soleil triangulaires de la superficie d’un terrain de tennis maintiennent le miroir à une température avoisinant les -243 °C JWST sera mis en orbite à 1,5 million de kilomètres de la Terre, à l’abri des lumières parasites et des effets des champs magnétiques du système solaire.
Le Canada apporte une contribution importante au projet en fournissant un détecteur de guidage de précision (FSG) et une caméra à filtre accordable (TFI). Le FSG permet d’orienter le télescope pour pointer les objets célestes. D’après Isabelle Tremblay, ingénieure à l’Agence spatiale canadienne, « sa précision inégalée est telle qu’on pourrait viser une pièce de 10 sous à 10 km de distance ». Reliée au FSG, la caméra à filtre accordable sert à étudier les planètes extrasolaires. En échange de sa participation, le Canada jouira d’au moins 5 % du temps d’observation total.
La durée de vie de JWST devrait être de cinq à dix ans. Une fois dans l’espace, il sera impossible de réparer le télescope. « Nous n’avons pas droit à l’erreur, commente Isabelle Tremblay, pour parer à une panne éventuelle, chaque instrument est présent en plusieurs exemplaires. Nous faisons tout pour vérifier la redondance du système afin que nos prédictions soient les plus fiables possible. »
La maquette du JWST sera encore visible jusqu’au 20 juillet 2008 sur les quais du Vieux-Port de Montréal. Son passage est au programme de la 37e assemblée scientifique du Comité de la recherche spatiale qui se tient cette semaine au Palais des congrès de Montréal.