Les draps
Chaque
nuit, quand je défais le lit
pour me coucher, je vois l’ombre de mon corps
sur les draps, les restes
d’une imprégnation ancienne.
Ainsi,
chaque nuit, s’étend
mon corps sur l’ombre d’un autre corps
qui n’est plus le mien, ombre du corps
de ma mort, de la plaie secrète
chaque nuit arrivée et que nul ne lèche.
Et
quand j’éteins la lumière, je ne vois briller
que les draps resplendissants,
qui me recouvrent et effacent
chaque nuit, l’ombre de mon corps.
Rafael-José Díaz, Le Crépitement, traduction Bernard Banoun, L’Escampette, 2007, p. 29
Las Sábanas
Cada noche, al
deshacer mi cama
para acostarme, veo la sombra de mi cuerpo
sobre las sábanas, las huellas
de una antigua impregnación.
Así, cada noche,
se tiende
mi cuerpo sobre la sombra de otro cuerpo
que no es el mío ya, sombra del cuerpo
de mi muerte, de la llaga secreta
que cada noche se avviva y nadie lame.
Y al apagar la
luz, veo brillar tan sólo
las esplendentes sábanas,
que me cubren y borran,
cada noche, la sombra de mi cuerpo.
*
Le Visage
Dans le bord scindé, dans cette lumière
dernière qui impose silence aux branches,
là où la terre peut
répandre dans les airs son haleine ou ses cendres,
ici, dans la cécité de ce bord,
mes mains te cherchent, et ne palpent
que ton visage incarné dans les mots.
Rafael-José Díaz, Le Crépitement, traduction Bernard Banoun, L’Escampette, 2007, p. 20
El Rostro
En el borde
escindido, en esa luz
última que silencia los ramajes,
donde puede la tierra
esparcir por el aire su aliento o sus cenizas,
ahí, en la ceguera de ese borde,
mis manos te buscan, pero palpan
sólo el rostro encarnado en las palabras.
*
Voyage de retour
Un soleil rouge,
étendu
à ras de l’horizon,
couronné de nuages qui le regardent
comme l’œil le regarde
du fond d’un rêve ou d’une attente.
La pulsation du soleil
sur le bord blessé de cette journée
t’interdisait de glisser, te retenait
aux vastes confins de l’instant :
ce soleil couché sur l’œil.
Rafael-José Díaz, Le crépitement, Traduction de Guy Rochel, L’Escampette, 2007, page 63
Viaje de regreso
Un sol rojo,
tendido
al ras del horizonte,
coronado por nubes que lo miran
como el ojo lo mira
desde dentro de un sueño, o de una espera.
La pulsación del
sol
en el limite herido de este día
te impedía fluir, te sujetaba
a los vastos confines del instante :
este sol acostado sobre el ojo.
Contribution de Claude Chambard
bio-bibliographie de Rafael-José Díaz
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