J’ai l’impression que nous venons, en quelques mois, de vivre quelques ruptures, des vraies, des profondes, des radicales.
Tout d’abord avec la présidence sarkozienne, qui s’astreint à effacer méthodiquement chez nous toute trace des avancées sociales nées du programme du Conseil National de la Résistance, comme nous le rappelait opportunément R. Charvin mardi soir à la séance de l’Université Populaire 06. Il le fait au nom des exigences de la mondialisation financière née du Consensus de Washington de R. Reagan et M. Thatcher au moment-même où, seconde rupture, une gigantesque crise financière clôt cette ère.
Mondialisation financière dont les effets sont, au delà des effets bénéfiques du décollage économique de la Chine, de l’Inde et du Brésil, d’accroitre les inégalités, polariser les richesses et augmenter la misère du plus grand nombre. Feed-back positif, la dérégulation produit ses effets y compris en son sein et permet que, dans le monde de la finance, quelques gangsters provoquent une des plus grandes crises financières que le monde ait connu.
Cette crise nous fait entrer, en France, dans une période de troubles sociaux, d’insécurité sociale et de précarité généralisées, avec un cortège de violences à venir duquel le pire peut naître. Hors, comme nous en discutions mardi soir, au delà de la liberté, les hommes et les démocraties ont surtout besoin de sécurité et d’abord de sécurités sociales: contre le chômage, la maladie, la vieillesse, pour manger, se loger, éduquer et instruire ses enfants… Sans parler d’une délinquance qui, constituant le fond de commerce électoral de N. Sarkozy, va continuer à grimper.
Cette crise financière se situe elle-même dans une autre rupture, plus fondamentale, celle qui annonce la fin du pétrole, des énergies, de l’eau et des matières premières bon marché, qui, avec le réchauffement climatique oblige à reconsidérer nos modes de vie et de consommations, qui remet en cause le mythe et la nature de la “croissance”. Rupture qui se confond, avec un allongement de la durée de vie qui met à mal les équilibres de nos systèmes de retraites, mais aussi les équilibres sociaux. Une société bientôt constituée de 50% de retraités n’aura pas les mêmes exigences qu’une autre où la dynamique d’un contingent important de jeunes fait bouger les choses. Ces deux derniers points, crise de croissance et de démographie, mettent à mal le modèle social-démocrate et obligent à des efforts intellectuels radicaux.
Dans ces crises et ruptures, il est évident que la gauche ne peut éviter la sienne. Nous venons d’assister au pitoyable début de celle du PS, mais toutes les gauches européennes vont devoir renoncer à la paresse idéologique qui a fait d’elles des lobbies d’élus et de dociles accompagnateurs de la mondialisation financière.
A mon avis, cela pose aussi, et peut-être surtout, celui de la crise d’une démocratie du spectacle, bonapartisme mou actuellement triomphant, manipulé par les propriétaires des grands médias et les relations troubles liant les cénacles des médias, du pouvoir, de la finance et du show-biz.
Etre de gauche, vraiment de gauche aujourd’hui, qu’est-ce que cela signifie ? Comment revenir vers les besoins des couches populaires et des moins favorisés ? Comment réinventer un pacte social du niveau de celui de 1945, avec qui, et quel type d’organisation loin de celui, clientéliste et passablement tricheur, que vient de nous montrer le PS actuel?
L’heure n’est pas au repos…
- Le Canard enchaîné d’hier reproduit l’argmentaire rédigé par TF1 pour diviser par deux la taxe sur la pub qui serait reversée aux chaînes publiques, ainsi que l’amendement (voté par l’UMP et le Nouveau centre) déposé par le député UMP C. Kert pour l’obtenir: un copié collé.
Il relève aussi que, conscient des risques qu’une coupure publicitaire longue entre 20h 35 et 20h 55 pouvait faire perdre à TF1 des auditeurs au bénéfice de la 2, un député UMP a osé proposer que, sur ce créneau horaire, la 2 soit tenue de proposer des spots “ayant pour thème l’éducation sanitaire et sociale, le développement durable, l’instruction civique et citoyenne et l’Union européenne”, des sujets capables de faire “exploser l’audimat”. Ah, les copains et les coquins…
- Déliquance des mineurs. Le Monde.