AFP 20/11/2008 : "Un rare collier en or datant de l'âge de Fer, d'une valeur estimée à 350.000 livres (414.000 euros), a été découvert dans un champ du centre de l'Angleterre par un chercheur de métaux amateur, a rapporté jeudi le Guardian. Présenté par un expert comme la plus belle découverte d'un objet de cette époque depuis un demi-siècle, ce collier vieux de 2.200 ans se trouvait dans un champ. [...] "C'est quelque chose de fabuleux, la plus belle découverte datant de l'âge de Fer depuis 50 ans", a estimé JD Hill, responsable de la section consacrée à cette période au British Museum. "Ce qui est fascinant, c'est qu'il a été trouvé dans un endroit où aucun torque (ndlr collier métallique ancien) n'est censé se trouver", a-t-il ajouté. "Le moins qu'on puisse dire, c'est que la région de Newark n'est pas réputée pour être un haut-lieu des découvertes de l'âge de Fer".
Source : Entre Guillemet.
Le torque est un collier rigide en métal (bronze, fer ou or), ouvert ou fermé, dont le type remonte à la fin de l'âge du Bronze européen, au début du Ier millénaire av. J.-C. Son nom vient du latin torquis, qui évoquait un motif torsadé, qui cependant ne se trouve pas sur tous les torques [1]. C'est pendant la période de Hallstatt (850 - 450 av. J.-C.), première grande période de la civilisation celtique, que le torque se diffuse comme parure aristocratique et devient un objet accompagnant courament les défunts dans leur sépulture. Il est alors porté aussi bien par les hommes que par les femmes ; il était destiné à des usages divers, puisqu'au-delà de la parure, il servait de cadeau de prestige dans le cadre des échanges aristocratiques, mais aussi d'objet votif destiné à remercier une divinité pour son aide, ainsi qu'un élément très souvent associé à la tombe. Pour accompagner les morts, on fabrique alors des modèles en or spécialement destiné à cet usage. Par ailleurs, dès cette époque, les héros et les dieux sont souvent représentés portant le torque, signe de la grande valeur symbolique de l'objet.
Pendant l'époque laténienne (450 - 50 av. J.-C.), l'usage du torque se modifie quelque peu : il devient beaucoup plus rare dans les sépultures masculines, mais reste un objet indissociable de la parure funéraire féminine, dans les couches aristocratiques de la population. Pourtant, il reste un objet de parure très courant, en particulier dans les milieux guerrier, comme l'attestent les très nombreuses représentations figurées de Celtes des IVème - IIème siècles av. J.-C., comme par exemple ceux du relief de Civitalbà, en Italie centrale (ci-contre) : il en devient même, parmi les populations italiques et grecques, le signe d'identification par excellence du guerrier celte.
Le décor du torque, à l'époque laténienne, devient d'une grande richesse, intégrant entrelacs, motifs végétaux issus du monde italique et traditionnelles représentations de têtes celtiques. Il semble que chaque peuple ait développé un décor qui lui était propre, le torque devenant ainsi également un moyen de reconnaissance ethnique. Les dépôts votifs de torques ont toujours cours, souvent associés à des monnaies, qui ont fait leur apparition dans le monde celtique au IVème siècle av. J.-C., avec l'imitation des statères de Philippe de Macédoine. En Grande-Bretagne, mais aussi dans la Péninsule ibérique, ces dépôts sont parfois d'une richesse extraordinaire et la découverte de la région de Newark, si elle offre un exemplaire d'une valeur artistique exceptionnelle, vient confirmer l'importance de la pratique votive et du caractère hautement symbolique du torque de l'autre côté de la Manche.
Sur le "Pilier des Nautes découvert à Paris", le dieu Cernunnos porte un torque autour du cou (mal conservé) et un autre torque sur chacun de ses bois, ce qui montre le caractère sacré de cet élément de parure.
Le "dieu de Bouray", dont nous ignorons le nom et la fonction exacte, porte un torque fermé, symbole de sa divinité.
Amaury Piedfer.
[1] Voir l'article de V. Kruta, Torque, Les Celtes, histoire et dictionnaire, Paris, 2000, p. 843.