Quand Israél se fout des diplomates européens

Vous le savez peut être (je dis peut être car personne ou presque n'en parle. Et quand c'est fait c'est en brève) Gaza est sous embargo. On utilise partout le mot "blocus" mais c'est tout simplement d'un embargo qu'il s'agit. 17ième jour d'embargo imposé par les autorités israéliennes. Mourra qui pourra et vivra qui voudra...

La semaine dernière, Ban Ki-moon parlait de crise humanitaire imminente. Malgré cet état de faits personne ne trouve grâce aux yeux des Israéliens. Tout à l'heure sur le trajet de retour j'ai lu cet article dans le canard enchainé de cette semaine (26/11).

Sarko joue encore profil bas avec Israél

Des diplomates européens interdits de séjour à Gaza. Président de l'Europe, il le déplore. Pas plus.

Dans le télégramme qu'il vient d'adresser au Quai d'Orsay et à Jérusalem, Alain Rémy, s'insurge contre le comportement des autorités israéliennes. A deux reprises, les 5 et 13 novembre, écrit-il, "des hommes en civil armés de mitraillettes" ont interdit l'accès au territoire de Gaza à une vingtaine de diplomates européens, dont lui-même. "Nous avons demandé à parler à un responsable du terrminal (...) pour avoir des éléments d'explication. Nous avons patienté une heure trente devant les grilles." Sans résultat, précise-t-il, "malgré l'appui de notre ambassade [de France] à Tel-Aviv". Un traitement qui prouve en quelle estime les Israéliens tiennent les diplomates français et européens.

La décision d'interdire le passage des représentants européens n'a pas été prise par les militaires en poste à cette frontière. Le gouvernement israélien n'appréciait guère cette initiative, et non sans raison. Le programme prévu par ces diplomates était particulièrement inquiétante, comme l'avoue l'avoue le consul de France dans son télégramme : visite d'une station de pompage, "entretien avec des dirigeants de l'association des hommes d'affaires de Gaza" et avec des boursiers "en attente de départ vers les universités européennes" etc.

SOS-Elysée !

Commentaire d'Alain Rémy : "c'est la première fois que des diplomates se voient refuser l'accès à Gaza, alors que la situation sécuritaire ne parait pas présenter de risques particuliers (...), [et] sans aucune explication." Puis, s'adressant à Sarkozy et Kouchner, sans les nommer, le consul demande "une intervention à haut niveau, soit à Paris, soit à Bruxelles, soit à Tel-Aviv pour protester contre contre cette interdiction".

Au consulat de France, on a déjà connu ce genre de mauvais traitement. Le 25 janvier dernier, Alain Rémy a eu droit à une "garde à vue" de trois heures à cette même frontière. Et le 11 juin suivant, la consule adjointe à Jérusalem, Catherine Hyver, accompagnée de son agent de sécurité, y a été retenue dix-sept heures par les militaires. "Sans manger ni boire". Pour qu'elle comprenne bien qui est le maitre des lieux ?

Lundi 24 novembre, "Le Canard" a demandé au ministère des affaires étrangères si une protestation avait été élevée contre ces procédés. Réponse à déguster longuement : "La Présidence du Conseil de l'Union européenne [à savoir Sarkozy] déplore que les chefs de mission européenne, dont le Consul de France à Jérusalem (...) qui participaient à une visite sur le terrain pour évaluer la situation humanitaire et économique se soient vu interdire l'accès à Gaza."

Donc, on "déplore" l'humiliation d'une vingtaine de diplomates et on met le drapeau dans sa poche. Dans le genre protestation, il est difficile de faire plus mièvre. Sarkozy et les Européens n'avaient aucune envie de mécontenter les Israéliens"

Claude Angeli 

Que dire alors des Gazaouis ? ...

Quelques mini-dépêches (!) ICI, ICI et ICI.

Ahmed Al Arabi by Mahmoud Darwish

Samidouna hona - Marcel Khalifa