Après deux ans d’affreuses et douloureuses séances de mises en selle, notre professeur nous demande de nous rendre dans la carrière sans les selles. Grosse interrogation chez les cavaliers de la reprise, nous étions perplexes et inquiets.
Je nous revois tous alignés, penauds, nous regardant chacun pour chercher une réponse ou du réconfort dans les yeux du voisin. Nous n’avons jamais été aussi calmes et silencieux que ce jour-là. La trouille, on avait la grosse trouille !
Le professeur entre dans la carrière en criant « allez hop, à cheval ! » Le côté obéissant prenant le dessus, nous nous exécutons … la carrière se remplit de sons du style « haaan », « hgniin », « muuf » et des « poc » exprimant nos efforts et nos retombées immédiates de cavaliers essayant d’enfourcher leur monture sans étriers. Peine perdue, aucun de nous n’a réussi à se hisser sur nos chevaux, nous avons donc tous été propulsés là-haut par le prof.
Quelle sensation ! C’est chaud, c’est instable, c’est mou mais dur à la fois, c’est étrange. L’ordre d’avancer arrive, un peu de jambe et il démarre. Incroyable, tous les repères ont disparus, j’ai l’impression de débuter, il faut que je lutte pour trouver mon équilibre. Avec la selle, c’est constant, là, je sens les muscles du cheval qui bougent, je dois sans cesse jouer avec les abdominaux pour rester en place.
Aujourd’hui, il existe des tapis de monte à cru mais je ne crois pas que les sensations soient les mêmes, c’est dommage.