« Vous vous êtes trompés pour voir la madone, c’est à côté, à Saint-Nicolas du Chardonnet », lance un homme hilare à un groupe de personnes brandissant des pancartes : « les militants demandent un nouveau vote ». Cela se passe mardi 25 novembre devant la Mutualité à Paris. Le PS vient d’acter l’élection de Martine Aubry au poste de premier secrétaire après moult péripéties. Les militants pro-Royal manifestent leur mécontentement tandis que les aubrystes ricanent. « Vous manifestez contre votre parti, c’est une honte. Vous feriez mieux d’être dans les combats contre la droite », lance un homme remonté contre Ségolène Royal et ses militants. Soudain, François Hollande sort sous les huées des quelques dizaines de militants royalistes réunis devant la Mutualité. Il n’a pas un regard pour eux. Pas un mot non plus. Il quitte le premier secrétariat en laissant un parti en déconfiture et scindé en deux. Il s’engouffre dans sa voiture. Il fait trois degrés dehors, à l’intérieur, Martine Aubry tient sa première conférence de presse. L’ambiance est glaciale. Elle appelle au « rassemblement » et prône cette « nouvelle ligne politique de gauche qui a été tranchée dans se congrès »…Sifflets dans la salle. A 20h20, tous les apparatchiks sont sortis. Quelques militants discutent. D’autres ne veulent pas admettre que Bartolone et Cambadélis autrefois ennemis se tombent dans les bras…Moscovici, lui, va manger au restaurant, avec d’autres. C’était une soirée de conseil national au PS…
Autre lieu, autre sujet. Théâtre de la Colline lundi soir. Edwy Plenel et les équipes de Mediapart se sont associés à RSF (Reporters sans Frontières) pour s’opposer aux Etats généraux présidentiels de la presse (lire ici ce que j’écrivais sur le sujet dans CB News le 3 novembre et qui se confirme ici ou là). Etats généraux, le off, s’appelait la soirée. Elle fut stimulante et intelligente. Stimulante puisqu’elle permettait à des professionnels venus de divers horizons de parler du quotidien de leur métier de journaliste. Action salutaire alors que sur les 140 membres des pôles de réflexion des Etats généraux, 56 sont dirigeants ou patron de presse et 17 directeurs de rédaction ou rédacteurs en chef et que les journalistes de « base » eux ne sont pas réellement représentés. Intelligente aussi car elle nous incitait à réfléchir sur le métier de journaliste. Anouk Grinberg et François Marthouret –comédiens – ont lu des textes éloquents. En vrac quelques extraits. « La liberté de la presse à côté du suffrage universel, c’est la pensée de tous éclairant le gouvernement de tous », Victor Hugo (1848, assemblée constituante). « Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie », Albert Londres (1929). « Je doute qu’il existe pour la presse un crime d’indiscrétion. Mais il existe un crime de silence », François Mauriac (Bloc-notes de l’Express, 29 mai 1954). « Un journaliste en possession de faits est un réformateur plus efficace qu’un éditorialiste qui se contente de tonitruer en chaire, aussi éloquent soit-il », Robert Ezra Park (journaliste et fondateur de l’école de sociologie de Chicago.
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