Statut de l'embryon

Publié le 26 novembre 2008 par Lheretique

Je reviens du blog de Florent, Ataraxosphère, car je viens d'y lire un billet très intéressant sur l'embryon : en deux notes récentes, Florent traite le rapport des sociétés à l'euthanasie, et, sur l'embryon, il a mis les pieds avec un grand courage dans le plat.

Il admet ouvertement dans sa note que l'embryon est un être humain, et ce, dès sa conception. Les pro-life vont être contents...Mais, sur ce point, je suis d'accord avec lui, c'est aussi mon sentiment, et, en réalité, Florent a bien raison d'écarter d'un revers de la main les controverses sur l'humanité ou non d'un être humain.

Je suis d'accord, l'embryon est un être humain. Dès lors, les tergiversations écartées, il pose la seule question désormais valable, qui est de savoir si nos sociétés modernes ont le droit ou non d'euthanasier un être humain, ou, de réaliser des expériences sur un être humain. En effet, en admettant que l'embryon est un être humain, il accepte fatalement que toute expérience sur l'embryon soit une expérience sur un être humain...

La question du statut de l'embryon m'a toujours mis mal à l'aise. Contrairement aux pro-life, je ne suis pas croyant, mais, cela ne m'empêche pas de tendre à penser que l'embryon est bien un être, et j'avoue que l'idée de tuer, car c'est bien de mort dont on parle, un embryon, me met très mal à l'aise. En réalité, tout en saluant la lucidité et le courage de Florent, qui aborde la question en prenant le taureau par les cornes, je ne peux pas accepter ses conclusions.

Je ne suis bien sûr pas opposé à l'avortement, tout du moins, quand les motivations sont sérieuses, et, sur ce point, je rejoins tout à fait ce que dit Florent : si un avortement est un homicide, il ne faut pas tolérer des homicides de confort (par exemple, que l'avortement serve de substitut pratique à la contraception). Mais même si je n'y suis pas opposé, rien n'empêchera ma sensation de malaise de persister.

Reste le cas délicat des embryons surnuméraires en cas de procréation médicalement assistée : Florent est favorable à l'usage de ces embryons pour la recherche. Il fait notamment valoir, que de toutes façons, ils seraient autrement détruits et qu'il s'agirait tout de même d'un homicide légal. J'ai noté un concept intéressant dans l'argumentation de Florent, qui est la notion de projet de vie. Il semble, pour Florent, que cela soit un élément déterminant pour prendre une décision sur les embryons.

Et là, j'ai à nouveau un problème, et je ne peux suivre Florent. La relation des parents aux enfants est avant toutes choses, de mon point de vue, une relation de responsabilité, et non une relation de possession. Bien sûr, un embryon n'est pas un enfant, mais l'absence de projet de vie de sa part justifie-t-il que l'on décide du sort de l'embryon ? Je considère déjà avec horreur l'idée de leur mort, alors la simple pensée d'une expérience me rebute totalement.

J'ai le sentiment, au final, que Florent ouvre le bon chemin, en acceptant de placer le débat sur le terrain qui est le véritable terrain : celui de la mort et de la vie, celui de l'euthanasie et de l'humanité. En revanche, je ne suis pas certain d'accepter toutes ses conclusions. Je crois que ce débat commence, et qu'en effet, nos sociétés modernes vont devoir l'affronter. Il y a là une problématique éthique tout à fait fondamentale.