Pourquoi, lumière, te retires-tu
de moi dans les choses que je regarde
et plus loin encore
dans les autres que je ne vois pas ?
Close l’histoire, effacée la personne,
perdu ou gagné le combat ?
Ou
bien
est-ce l’autre qui mûrit
et resplendit, l’amour plein,
le plein anéantissement
dans quoi ? dans quelle unique substance,
dans quelle totale inessence —
impossible à savoir,
n’y a-t-il pas de témoin, pas de chant ?
Elle pense ou rêve que quelqu’un pense
dans le remous de paix
du tourbillon sanglant...
Perché, luce, ti ritrai
de me nelle cose guardate
e più addentro ancora
nelle altre non vedute ?
Chiusa la storia, cancellata la persona,
perso o vinto l’agone ?
Oppure
è l’altro che matura
e splende, l’amore pieno,
il pieno annientamento
in cosa ? in che unica
sostanza,
in che totale inessenza —
impossibile saperlo,
non c’è testimone, non c’è canto ?
Lei pensa o sogna che qualcuno pensi
nel rissuchio di pace
del mulinello cruento...
Mario Luzi, Pour le baptême de nos fragments, traduit de l’italien par Philippe Renard et Bernard Simeone, Flammarion, 1985, p. 149 et 148.
Contribution de Tristan Hordé
Mario Luzi dans Poezibao :
Bio-bibliographie, en poésie/Gallimard
(05), extrait 1, extrait 2, extrait 3, extrait 4, extraits 5, extrait 6
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