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Dan Bigras écrit sur les émeutes de Montréal-Nord

Publié le 26 novembre 2008 par Hugo Jolly

La faute de la répression

Au lieu de bêtement réclamer plus de répression face à un gang de rue qui n’était même pas là lorsque le jeune Fredy Villanuava et deux de ses amis ont été criblés de balles le 8 août, au lieu d’être indignés par la révolte des citoyens de Montréal-Nord, il me semble que nos politiciens auraient pu être révoltés par la mort inutile d’un jeune garçon arraché à sa famille.

Pas un ne l’a même mentionné. C’est assez révoltant. C’est révoltant pour une famille brisée, un quartier blessé et inquiet, et pour la population en général.

Je ne critiquerai pas le travail en général des policiers sur le terrain, ils sont tous différents. Des humains. Il y a des policiers sympathiques et d’autres non. Il y a des chanteurs sympathiques et d’autres non.

Je sais qu’il est difficile d’être policier, et cela dans bien des quartiers, pas seulement dans Montréal-Nord. Sauf qu’aujourd’hui, un jeune garçon est mort pour rien, une famille est anéantie et un quartier, déchiré.

Je ne critiquerai pas non plus l’intervention policière, elle fait l’objet d’une enquête… menée par un autre corps policier, qui vient de se faire renvoyer faire ses devoirs par les procureurs de la Couronne. Cela inquiète grandement la population de Montréal-Nord.

La vérité, c’est que cette fois-ci, c’est la répression qui a tout commencé. Peu après, une manifestation a tourné en émeute et ça a foutu la trouille à tout le monde. Il y a eu des casseurs, mais il y a eu autre chose. Quelque chose d’autre qui m’a fait froid dans le dos.

La population, les «Monsieur et Madame Tout-le-monde» de Montréal-Nord, qui applaudissaient les casseurs. Des gens paisibles qui essaient juste d’habiter en paix dans un quartier qui le leur refuse.

PROFILAGE

Ce coup-ci, ce ne sont pas les gangs de rue, c’est le profilage. Celui des jeunes, mais aussi celui des bonnes gens qui ne veulent pas d’histoires et qui se font harceler. Je me le fais raconter presque tous les jours par les gens qui la subissent.

Voyez-vous, la première version officielle est que les policiers se seraient retrouvés entourés d’une vingtaine de membres de gangs de rue hostiles et qu’ils ont dû faire feu. Nous savons tous maintenant que c’était un mensonge éhonté élaboré à la hâte. Il n’y avait que cinq jeunes qui jouaient tranquillement aux dés.

La population de Montréal-Nord est inquiète. Elle redoute profondément une version de l’enquête plus perfectionnée mais pas plus honnête.

Cela devrait aussi inquiéter la population. Avez-vous remarqué ? Je n’ai pas dit la population de Montréal-Nord. J’ai voulu dire «nous».

Les «autres», ce sont les soi-disant «différents» de la majorité. Selon la situation, ce sont les Arabes, les Noirs, les jeunes, les vieux, les gais, les B. S… Les «autres».

Ce serait un de «nos» enfants qui se serait fait tuer, il y aurait une méchante levée de boucliers. Mais non, c’est un enfant des «autres». Moi, ça me coupe l’envie d’être un «nous».

Ces «autres» qui, évidemment, aiment leurs enfants comme «nous», ont pété les plombs d’indignation et de tristesse et nos politiciens, qui gagnent leurs jobs avec les votes de la majorité, ont simplement joué les vierges offensées en oubliant délibérément ceux qui souffraient. Un simple mot à la famille aurait été un début. Ils ne l’ont pas fait.

C’est triste et dangereux.

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