Vendredi, le 25 novembre 1988 vers 18 h 45 (heure du Québec), je suis à l’épicerie avec mon frère de six ans mon cadet, ainsi que mon père que nous visitions les week-ends (après un divorce qui avait eu lieu l’année précédente). Soudain, sans vraiment comprendre ce qui se passe dans les premières secondes, la terre se met à trembler. Les secousses font balancer les étagères du supermarché, nous percevons un lourd grondement provenant du sol et des cris d’enfants effrayés devant des parents qui tentent de les réconforter. L’enfant de 12 ans que je suis n’a aucune notion de ce qu’est un séisme. Pourtant, il le vit.
Le séisme aura duré tout au plus une minute et quelques secondes. Il me parut pourtant beaucoup plus long. Lorsque la secousse s’arrêta, les gens qui faisaient l’épicerie comme nous restèrent immobiles quelques instants. Je me souviendrai toujours de l’expression du visage du propriétaire de l’épicerie lorsqu’il s’avança vers nous en constatant les dégâts causés dans les allées. De nombreuses personnes craignaient alors le pire à l’extérieur des murs où il n’y avait plus d’électricité.
Pendant la nuit du vendredi au samedi, il y a eu de nombreuses répliques, dont la plupart ont été modestes. Malgré la force du séisme, on a signalé aucune perte de vies. Les dommages se sont limités à plusieurs bâtiments où quelques murs et parties de plafond n’ont pu résister sous l’impact de la secousse. Certaines parties de route se sont également affaissées.
Le « Tremblement de terre du Saguenay », comme il a été nommé, est survenu dans une région relativement inactive au point de vue sismique. Il est étrange encore aujourd’hui que son épicentre ait été localisé à 75 km au nord de la zone sismique de Charlevoix-Kamouraska. En effet, contrairement au Saguenay, cet endroit est sujet aux séismes. Selon le sismologue Maurice Lamontagne, on décèle dans cette partie du Québec entre 200 et 300 séismes par années. Cependant, seuls quelques un excèdent une magnitude de 3 sur l’échelle de Richter.
Une vingtaine d’années plus tard, sommes-nous en mesure de prévoir les séismes au Québec? Maurice Lamontagne avoue que non : « Nous ne sommes toujours pas capables de prédire les tremblements de terre, encore moins leur force, ce n’est pas comme la météo, mais on reconnaît les zones où c’est le plus susceptible ».
Ainsi, grâce à de nombreuses données recueillies par la Commission géologique du Canada qui possède des équipements beaucoup plus sophistiqués qu’il y a vingt ans, on a établi différentes zones à risque pour les séismes au Québec. Une carte de ces zones sera rendue publique en 2009. À ce sujet, monsieur Lamontagne a précisé : « Certains endroits montrent jusqu’à 100 mètres de sédiments, ce qui signifie que ça brasse plus. C’est le cas pour le quartier Saint-Roch, tout le bassin Louise et le long de la rivière Saint-Charles ».
Enfin, nous possédons aujourd’hui un outil que nous n’avions pas autrefois pour nous informer et nous cultiver à propos des séismes : le Web. Il existe quelques sites intéressants à ce sujet dont Séismes Canada, le sismographe du Cégep de Jonquière et la page d’information de Wikipédia.
N’hésitez pas à poster vos témoignages et commentaires sur cet événement, spécialement si vous l’avez vécu. Vous pouvez également proposer d’autres liens intéressants si vous en connaissez. Enfin, voyez ci-dessous l’étendue de la zone où le séisme de 1988 a été ressenti.