En cette matinée automnale, les abords du Centre des Samaritains de Stara Zagora sont jonchés de feuilles rousses et brunes. Certaines se sontégarées par paquets dans les petits jardions qui ornent les studios blancs mis à disposition des pensionnaires par le centre social. Bref, un peu de couleur dans la vie douloureuse de ses jeunes femmes. Parfois encore mineures, elles ont déjà eu plusieurs grossesses. Dont certaines se sont terminées par la vente du mourrisson à sa naissance.
"Nous sommes un centre social pour mamans et bébés, relate Diana Dimova, la directrice. Souvent, les mères qui arrivent chez nous ont été victimes de trafic ou de violences, y compris sexuelles. Nous sommes donc là pour aider la maman, mais aussi prévenir un éventuel abandon du bébé. Il faut savoir que la mère elle-même doit souvent être considérée comme un enfant car il est fréquent qu'elle ait entre 14 et 18 ans."
"C'est tout à fait normal dans la population rom, relaie Tsvetelina Bonova, de l'UNICEF SOFIA. Les jeunes filles ont des enfants très jeunes. Leur culture à ce sujet est très différente de la nôtre."
Reste que parfois, cet enfant est de trop pour des jeunes filles qui ne parviennent plus à subvenir aux besoins de leur famille. Certains ont dès lors vite compris. Et dernièrement, aux Samaritains, "une jeune fille devait accoucher, relate Diana. Un homme étranger, un Grec, s'est présenté et a dit que l'enfant était de lui. La jeune fille et sa famille lui avaient en fait vendu le bébé."
Ce genre de situation est bien connu, constate Hristo Monov, adjoint directeur de l'Agence de la protection de l'enfant. "Nous savons que de nombreuses jeunes filles roms ont vendu leur bébé à des couples grecs. Ces gens ne savent pas avoir d'enfant et ont envie de contourner les procédures longues de l'adoption. Ils sont mis en contact avec des jeunes filles roms enceintes. Juqu'à la fin de la grossesse, l'homme et la jeune fille se font passer pouyr un couple. Et, le jour de la naissance, l'homme déclare la naissance du bébé dont il devient officiellement le père. Il rétribue alors la jeune femme et retourne vivre ne Grèce avec son épouse."
Seul moyen de contrer cet hoorible commerce ? Un test de paternité. "C'est difficile, embraie Hristo Monov. Une fois que le père est rentré en Grèce, la Bulgarie ne peut plus rien faire. D'autant que la famille qui a vendu le bébé ne va pas déposer plainte. Dans son esprit, elle a agi pour le bien de l'enfant tout en gagnant de l'argent pour ceux déjà nés."
Une philosophie qui ne date pas d'aujourd'hui mais contre laquelle l'Unicef, le gouvernement bulgare et nombre d'associationbs veulent lutter. "Nous sommes cinq centres à travers le pays, poctue Diana. L'un de nos objectifs est de prévenir les abandons et les ventes de bébés. Lorsque nous recueillons une jeune fille enceinte, nous lui apprenons comment être mère, comment créer un lien avec un enfant. Bref, nous tentons de lui inculquer la notion de famille. Mais ce n'est pas aisé car les filles ont souvent du mal à échapper au futur père qui parfois les menace." Heureusement des victoires viennent égayer le tableau. "Dernièrement nous avons eu trois réussites. Trois filles qui ont accouché et réussi à garder leur bébé. Elles représentent l'espoir.", sourit Diana.
Infos et dons : UNICEF.
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