La critique
Une comédie humaniste et enlevée, prix Jean Vigo en 1986
Dejanira (Rosa-Maria Gomes) , une mannequin de charme brésilienne, est en première classe dans un train. Deux contrôleurs, Le Gallec (Bernard Ménez) et Lucien (Luis Rego), viennent lui chercher des noises. Elle est en infraction : elle n’a pas composté son billet et devait être en deuxième classe. La situation tourne au burlesque, Dejanira ne comprenant quasiment pas un mot de français. Une jeune femme, Mimi de Saint Marc (Lydia Feld), avocate de profession, tente de lui venir en aide. Finalement, les deux jeunes femmes sympathisent et trainent ensemble à Angers où Mimi doit défendre un marin pêcheur lors d’un Procès. Il s’appelle Petigas Marcel (Yves Afonso) et n'a pas sa langue dans la poche. Finalement, tout le monde (les contrôleurs compris) va se retrouver et passer du temps ensemble. L’occasion de (re)découvrir l’importance des échanges entre êtres humains…
Comme à son habitude, Jacques Rozier nous offre pendant tout son film une incroyable liberté et authenticité. Ses personnages sont drôles et touchants, débordent de charme. Ce qui fait que l’on prend tellement de plaisir, c’est cette sensation que tout est possible. Plus de limites géographiques, plus de barrières sociales ou de langues : Rozier croit aux belles rencontres et sait particulièrement bien les mettre en scène. Une malicieuse avocate, un contrôleur un peu bougon, une brésilienne frivole, un marin pêcheur incontrôlable : tout ce joyeux monde se retrouve, converse, s’oublie, dans une bonne humeur réjouissante et avec en arrière fond une véritable poésie. On pense notamment à cette longue scène où les protagonistes se retrouvent autour d’un piano à danser. Cela pourra paraître anecdotique pour certains mais voilà là un vrai moment de vie, un vrai moment de cinéma. Amusant et enlevé, en excluant nullement l’émotion et la gravité par moments, Maine Océan est une œuvre assez réjouissante.
Coffret Jacques Rozier, actuellement disponible à la vente