Pitch :
Hanté par un crime auquel il a assisté enfant, un trentenaire cherche à retrouver cette sensation inoubliable en étranglant des femmes vieillissantes avec la même écharpe blanche que dans son souvenir. A trois heures du matin dimanche sur CinéPolar, autant dire une heure creuse..., on passait un film qui a attiré mon attention : Jacques Perrin avec son physique angélique des années 70, jeune homme fragile, rêveur, à qui on donnerait "le bon dieu sans confession", dans le rôle d'un étrangleur, oui mais... un étrangleur rédempteur de femmes mûres et désespérées de qui il abrège leurs souffrances en les tuant par strangulation au moyen d'une écharpe en tricot blanc, en tout cas, c'est ainsi qu'il le voit... Drôle de film : Emile (Jacques Perrin) travaille sur les marchés le jour et tue la nuit, hanté par un crime auquel il a assisté enfant dont il conserve le souvenir d'un '"instant précieux"... Un inspecteur de police (Julien Guiomar) se fait passer pour un journaliste et fait un appel à l'étrangleur à la télé. Une relation se noue par téléphone : Emile téléphone au policier qu'il croit journaliste car une chose révolte le jeune homme : on l'accuse dans les journaux de dévaliser ses victimes, il proteste. En réalité, un suiveur de l'étrangleur dévalise les victimes ensuite...
Le spectateur repère vite les futures victimes en même temps qu'Emile, cette chanteuse de bar, triste à mourir, rentrant seule la nuit, qui le laisse faire, cette ancienne actrice (il lui vend des écharpes...) qui insiste pour qu'il ne la laisse pas seule. En parallèle, une jeune femme, Anna (Eva Simonet), fascinée par l'étrangleur, tente de le rencontrer en séduisant Simon (Julien Guiomar), l'inspecteur de police soi-disant journaliste... Mais ce dernier, à présent l'amant de la blonde Anna pas farouche, pour des raisons troubles, va démissionner de la police...
-----
Julien Guiomar et Jacques Perrin dans "L'Etrangleur"
Le film est troué de séquences nocturnes cauchemardesques comme un leit-motiv jusqu'à une grande scène onirique filmée dans la pénombre, concentré d'angoisses et de pulsions sauvages, une explosion de sévices, d'agressions, de blessures, un homme se traînant nu sur le sol la nuit, etc... Auparavant, mine de rien, un homme mûr confie à une femme son attirance homosexuelle révélée sur le tard... Drôle de film transpirant l'angoisse du vieillissement et le martyre des corps abimés qui ne trouveraient leur salut que dans la mort. Ces femmes victimes de l'étrangleur, désespérées parce qu'anciennes beautés vieillissantes sur la touche, sont plus ou moins consentantes pour en finir, ayant moins peur de l''étrangleur au visage d'ange (représentant un peu l'homme de main de leur suicide narcissique) que de leur solitude. L'ancienne actrice qui ouvre la porte à Emile et insiste pour qu'il passe la nuit chez elle, était en train de se maquiller pour rien ni personne quand il a sonné, elle va jouer son dernier rôle... Seule la prostituée, pourtant du même âge, de la même blondeur (Nicole Courcel), a l'énergie de se défendre, de se battre, épaulée par la confrérie des copines, elle seule en réchappe.
Film à tiroirs, avec la mort qu'on se passe comme un témoin, l'étrangleur, fou romantique habité d'une mission d'abréger les souffrances de ses victimes, fera, malgré lui, d'autres victimes que celles qu'il étrangle, Anna, la jeune femme fascinée par le tueur, Simon, l'inspecteur qui ne l'est pas moins, Le Chacal, le voleur qui le suit comme une ombre... Le film se termine avec la perspective du prochain meurtre par strangulation avec d'autres protagonistes ayant pris le relais... Polar fantasmé, phobique, névrosé, drôle de film sur la répétition à tous les sens du terme...
rediff : le 27 novembre 7h35 et le 28 novembre 1h55 sur CinéPolar
Note CinéManiaC :
Notez aussi ce film !