Depuis le succès des films de Michael Moore au cinéma, les spectateurs sont abreuvés de documentaires au format long. Malheureusement trop peu d’entre eux se révèlent vraiment intéressants au finish. N’ayant jamais vu l’émission originale « J’irai dormir chez vous », dur d’en juger les qualités intrinsèques. C’est donc sur un bouche à oreille flatteur que je suis allé voir le film. Et c’est une bonne surprise.
J’irai dormir à Hollywood – Croisement entre Borat et Moore
Antoine de Maximy, reporter globe-trotter, décide de parcourir l’Amérique d’est en ouest afin d’en rencontrer ses habitants. En train, à vélo ou en corbillard, il passe deux mois sur place et construit son parcours au fil des rencontres, en posant toujours cette même question : « puis je dormir chez vous ce soir ? ».
Le road movie peut prendre beaucoup de formes. Il devient intéressant à partir du moment où il permet d’obtenir un éclairage particulier sur une situation ou sur une couche sociale. Ca tombe bien, Antoine de Maximy, à la fois réalisateur/acteur de son épopée américaine va passer des Amish à George Clooney, d’un SDF à des types vraiment étranges à New Orleans… décrivant une Amérique contrastée et très éloignée des clichés en vigueur à Hollywood.
Dans sa démarche, il ressemble un peu à Sacha Baron Cohen dans Borat qui, en jouant l’étranger, arrivait à faire parler les américains sur des sujets parfois extrêmement casse gueules. Ici, pas de second degré ou d’humour recherché. Mais la bizarrerie de certaines rencontres provoque l’hilarité ou des sueurs froides. A deux reprises d’ailleurs, l’ambiance se veut menaçante : que ce soit lorsqu’Antoine pénètre dans un quartier noir qu’on lui dit peu accueillant à la Nouvelle Orléans, ou lorsqu’il croise un étrange personnage qui lui demande de venir voir ce qu’il vient de faire chez lui dans une réserve indienne.
C’est aussi une analyse du rêve américain et surtout des ses failles. Car les laissés pour compte n’ont finalement pas souvent l’occasion de parler. Quelques rencontres retiennent plus particulièrement l’attention : un ancien du Vietnam condamné à 15 ans de prison pour possession illégale d’armes, un ancien de l’immobilier ayant décidé de tout plaquer et maintenant obligé de vivre sur la plage ou encore des navajos condamnés au chômage et à une vie sans intérêt par leur culture séculaire et le manque d’aide du gouvernement.
Finalement J’irai Dormir à Hollywood n’apporte rien de neuf et ne nous apprend rien. Mais il démontre encore une fois que la société américaine qu’on nous vend comme très proche de la notre en est finalement relativement éloignée. L’ignorance et l’intolérance affleurent à chaque coin de rue, les riches (comme Will Smith ou George Clooney chez qui Antoine pénètre par effraction) sont ultra protégés alors que la pauvreté est à chaque coin de rue.
Un constat étrange. Un des clichés que je retrouvais sur mes copies en cours de géographie était « Terre de contrastes ». Je crois que l’expression n’a jamais été aussi applicable que dans ce cas, lorsque l’on constate l’échec d’un modèle vendu comme le meilleur. Mais tout n’est pas noir pour autant car malgré leurs défauts, les américains font preuve d’un trait de caractère partagé par tous : l’optimisme.
Antoine de Maximy ne signe donc pas un documentaire original sur le fond. Mais dans la forme, et surtout grâce à sa bonne humeur, il nous fait rencontrer des personnes sortant des clichés habituels et surtout donne envie de découvrir son émission. Pas mal, finalement…