L'UFAL contre la politique scolaire de Xavier Darcos
L'Education Nationale est actuellement l'objet d'une série de "réformes" qui visent à démanteler ce qui restait de l'école républicaine. Sous couvert d'améliorer l'enseignement, il s'agit en fait de prendre des mesures budgétaires. La logique qui prévaut est strictement comptable. Ce qui inspire les mesures que Xavier Darcos entend appliquer est moins le volontarisme politique que l'arithmétique.
Il faut savoir qu'entre 2002 et 2012, 140 000 postes auront disparu de l'Education Nationale, dont 35 000 entre 2007 et 2009. Xavier Darcos n'a aucun projet politique pour l'école publique : il applique servilement ce que lui dicte sa calculette. Ces réformes concourent, par ailleurs, au même objectif que celles qui sont menées depuis deux décennies. Il s'agit d'aligner le système éducatif français sur le modèle néo-libéral imposé par l'OCDE : décentralisation, mise en concurrence des établissements, évaluation internationale des résultats, toutes ces mesures visent à détruire l'école républicaine afin de libéraliser le marché de l'enseignement. Ce ne sont plus les citoyens qui décident du modèle qu'ils entendent défendre pour leur école, mais une poignée de technocrates, qui considèrent que l'enseignement, pas plus que les autres activités humaines, ne saurait échapper à la logique du marché.
Ces mesures se traduisent d'abord par une réduction drastique des postes. En avril dernier, l'Ufal avait dénoncé ces coupes sombres qui enlèveront à l'enseignement public encore de son efficacité.
Ces suppressions de postes vont de pair avec un dégraissage des heures d'enseignement, conformément à cette logique comptable. Après la diminution du nombre d'heure d'enseignement à l'école primaire consécutive à la suppression des cours du samedi, la réforme du lycée général et technique que prépare actuellement Xavier Darcos implique d'ores et déjà une diminution du volume horaire en classe de seconde (975 heures au lieu de 1100), diminution dont les effets seront aggravés par la semestrialisation et la modularisation de l'enseignement. Sous couvert de donner aux élèves la liberté de construire leur propre parcours, le gouvernement organise la mise en concurrence des disciplines et transforme le lycée en un vaste marché où les « usagers » pourront, au gré de leurs envies, choisir des matières qui ne devront leur survivance qu'au succès qu'elles emporteront. Il s’agit moins de garantir aux élèves les conditions d’une instruction solide que de « gérer les flux » à moindre coût, de la seconde jusqu’au baccalauréat, en réduisant l'enseignement à une juxtaposition aléatoire de compétences. Consciente de la gravité des conséquences d’une telle réforme, l’Ufal s'était associée à l’appel lancé par vingt organisations pour une vaste manifestation le 19 octobre à Paris. (Voir aussi notre tract.)
Cette logique comptable à laquelle l'éducation nationale est soumise affecte également l'université. Pour parachever la destruction de l'école publique, il fallait aussi toucher aux concours de recrutement des professeurs. C'est chose faite : la « mastérisation » des concours de recrutement des enseignants va permettre de faire l'économie de postes supplémentaires. Contrairement à ce qu'affirme le gouvernement qui présente cette mesure comme une façon d'élever les qualifications, la mastérisation va abaisser le niveau des futurs professeurs. Cette mesure est technique.
Aussi elle est peu médiatisée. Il importe cependant que l'opinion publique en soit informée : elle ne peut que diminuer les compétences des futurs professeurs et elle affectera par conséquent la qualité de l'enseignement. Parents d'élèves, élèves, citoyens, ce film vidéo expose en quelques minutes et avec une très grande clarté les tenants et les aboutissants de la mastérisation des concours.
Les professeurs étaient jusqu'ici recrutés à l'issue de concours nationaux exigeants dont la finalité était d'évaluer les compétences disciplinaires des candidats. A l'issue de ces concours, les jeunes professeurs bénéficiaient d'une année de stage rémunérée : ils pouvaient ainsi faire l'expérience de la classe tout en se formant à la pratique de leur métier. La mastérisation fait voler en éclats ce dispositif qui avait le mérite d'articuler théorie et pratique, maîtrise disciplinaire et expérience de la classe.
Les futurs enseignants perdront sur les deux tableaux : non seulement cette mesure réduit la partie disciplinaire de la formation des professeurs à sa portion la plus congrue, mais elle supprime également l'année de stage. Les professeurs nouvellement recrutés devraient être ainsi envoyés devant les élèves directement et à plein temps (ce qui permet de faire l'économie de postes supplémentaires). Ils perdront ainsi le bénéfice d'une année de formation rémunérée.
Défavorable aux étudiants issus des couches populaires, la mastérisation est finalement synonyme de paupérisation pour tous les futurs enseignants. Cette mesure retarde en effet l'entrée des étudiants dans la vie active et allonge la durée de cotisation pour la retraite. Au vu de l'âge élevé des recrutés actuels, il y a fort à croire que peu d'enseignants pourront atteindre dans de telles conditions le nombre d'annuités suffisantes pour bénéficier d'une retraite à taux plein. Pour lutter contre cette paupérisation rampante et pour que les futurs enseignants puissent accomplir des études sérieuses dans de bonnes conditions, l'Ufal réclame le rétablissement des IPES. Parce que cette mesure participe au démantèlement de l'école républicaine, l'Ufal a répondu à l'appel du 8 novembre.
Parents d'élèves, élèves, citoyens, soyez nombreux à signer cet appel. Soyez nombreux à refuser la mastérisation des concours de recrutement des enseignants et à affirmer ainsi votre attachement aux concours nationaux, qui garantissent l'égalité républicaine mais aussi la qualité de l'enseignement futur.
Marie Perret Responsable du secteur Ecole de l'UFAL
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