La fable d’Italo Calvino dénonçant les fraudes et les irrégularités d’un vote dans “La journée d’un scrutateur”, n’est-elle pas, plus que jamais, d’actualité? “A travers les portraits narquois des autres scrutateurs ou ceux de ces électeurs diminués, vieillards impotents, goitreux ou paralytiques qu’un prêtre ou une religieuse accompagne jusqu’à l’isoloir”, puis en suivant le combat d’Amerigo, délégué par son parti pour surveiller la régularité des votes à l’intérieur d’un hospice religieux de Turin (le Cottolengo) - c’est le Calvino interrogateur de l’Italie contemporaine que l’on retrouve. Contre les irrégularités et les fraudes a l’intérieur d’un parti, certes, mais surtout dans ses interrogations sur les principes de la démocratie confrontés aux limites de la nature humaine. (Texte rédigé d’après la quatrième de couverture).
La fable littéraire, l’humour, la sagesse d’instances régulatrices comme cette “commission de récolement” (du latin recolere=passer en revue), sont-elles suffisantes pour assurer actuellement, en France, la permanence d’une vraie force d’opposition, ce contre-poids nécessaire aux pouvoirs établis quels qu’ils soient, et qui garantit les fondements mêmes de la démocratie?
Photo d’ITALO CALVINO interwievé par la RAI en 1958.