Je comprends que les organismes à but non-lucratif sont en quelque sorte dans une compétition pour tirer leur épingle du “jeu” du financement des activités philanthropiques. Cette forme rarement discutée et un peu taboue de concurrence communautaire a un effet pervers quant à la capacité des organismes de s’unir pour mener une campagne d’image globale et efficace qui devrait servir à sensibiliser la population que sans la contribution sociale des OSBL la société dans laquelle on vit serait en danger de voir sa stabilité mise en danger plus que jamais dans le passé. C’est dommage car une telle compagne d’image de la philanthropie dans son ensemble serait sûrement bénéfique à tous les organismes autant pour obtenir des appuis financiers que pour recruter des bénévoles.
Mais si les organismes sans but lucratif ne peuvent mettre en oeuvre une telle campagne de sensibilisation, ne serait-ce pas le rôle de nos gouvernements de le faire? Je dirais même plus, ne serait-ce pas dans l’intérêt des gouvernements de supporter les OSBL non seulement financièrement mais aussi en jouant un rôle de stratège marketing pour l’ensemble des organismes? Car il faut bien avouer que le milieu philanthropique réalise des choses que l’État n’est pas en mesure de faire seul. Par exemple, des organismes sans but lucratif se démènent continuellement pour venir en aide aux :
- sans-abris;
- jeunes et moins jeunes affectés par des maladies, des handicaps ou des crises de vie personnelles et passagères pour lesquelles il faut parfois un support pour s’en sortir;
- personnes seules et des familles en difficultés financières;
- toxicomanes;
- sans emplois;
- victimes de la guerre, des intempéries, de violence familiale;
- suicidaires;
- analphabètes;
- etc…
Quelle est la valeur sociale de tous ces services offerts par des bénévoles qui n’ont pas à être rémunérés par l’État? Combien en coûterait-il aux instances gouvernementales d’étendre ses services déjà débordés et impuissants face à une demande croissante à la population soutenue par les OSBL? Je pense qu’une des priorités des OSBL devrait être de se doter d’outils pour quantifier leur apport social et ainsi être en mesure de se présenter devant ceux qui sont en mesure d’octroyer des financements sunstanciels et dire : “ce que nous faisons rapporte en économisant à la société x millions de dollards”. Et ce travail qui consiste à bâtir un modèle de calcul du retour sur investissement des actions des OSBL demande une concertation entre les principaux leaders dans le monde très fragmenté de la philanthropie.
Outre le défi de la collaboration entre les très nombreux organismes, il y a aussi celui de l’approche très “business” que ça prend pour présenter les choses à ceux qui ont de grosses sommes à “investir”. Que ce soit l’État ou les grandes entreprises, être en mesure de leur dire ce que va rapporter leur “investissement” va sûrement les aider à prendre leur décision en faveur du financement des organismes à bt non lucratif.