Jeudi dernier, c'était rendez-vous au Café de la Plage, qui avait sorti le Beaujolais joli pour affronter les frimas hivernaux, dans le but d'assister à la soirée 'Pourquoi on voyage" organisée par Fedzine.
Un petit débriefing s'impose : sachez que le temps fut court, les intervenants nombreux, les sujets multiples, et que bon, on n'a jamais tout dit dans ce genre de débats, mais voilà, en toute subjectivité, ce que j'ai eu envie d'en retenir.
Bizzarement, on a commencé par .. le retour; et là, constat plutôt dur, mais avec lequel je suis globalement d'accord : la difficulté de partager son experience de voyage avec nos petits camarades une fois revenu du bout du monde.
Les intervenants expliquaient que la question récurrente c'est "t'as pas eu trop de galères", quand franchement, les galères font partie du voyage et sont plutôt des expériences qu'on oublie vite où dont on rigole. Et que c'est des autres choses dont les voyageurs ont envie de parler, pas des anecdotes, mais des expériences qui les ont changé en profondeur. D'où un constat assez dur : la communauté des voyageurs est-elle la seule à même de nous comprendre, nous, voyageurs ?
Ptet.
Mais cela vient surtout à mon avis du fait que ceux qui ne nous "comprennent pas", ne sont simplement pas à un moment de leur vie où ils on l'envie de se projeter dans la spécificité de ce qu'est l'expérience du voyage; ils sont peut-être à un autre moment de leur vie : celui de l'expérience familiale, professionnelle ou artistique mais indigène dans tous les cas.
Sur le "pourquoi on voyage", une réponse variée : pour se trouver Soi, pour trouver l'Autre, voire pour aller à la rencontre d'un paysage.
Et c'est vrai que ça, c'est une idée qui m'enthousiasme. Je trouve que la rencontre avec un paysage est fantastique; ça vous est déjà arrivé ?
Pour moi, découvrir les horizons de la vallée du Rift, c'était comme rencontrer une vieille connaissance, qui était en moi depuis toujours, et que j'attendais patiemment.
On a aussi parlé de la préparation au voyage, d'où il ressort qu'il y a autant de manières de se préparer à partir que de manières de préparer la sauce de la pasta, bref, à chacun son truc, le dépouillement mental pour certains, l'absence totale de préparation matérielle pour d'autres, la lecture de romans pour se mettre dans l'ambiance pour ceux du fond.
Evidemment, on a abordé la question de la perte de ses repères dans le voyage, est-ce qu'on est vraiment capable, en se déplaçant physiquement, de se déplacer psychiquement ? Est-ce qu'on emmène pas tout notre monde mental avec nous ?
Et là, j'ai apparemment dérangé en disant que à mon avis, il fallait du temps pour se dépouiller de nos réflexes en voyage.
Certains ont pris ça comme une marque de mépris de celle qui a eu la chance de faire de longs voyages pour ceux qui voyagent une semaine (ils me disent ça à moi, la fille qui va se taper les châteaux de la Loire next week, avec les touristes, et avec plaisir !).
Bref, est apparue sur le tapis la question de la durée du voyage avec des choses que j'ai trouvées intéressantes : tout le monde est capable de trouver le budget de 6 mois pour voyager, vu que ça coûte mois cher de voyager en Asie que de vivre en France - et moins intéressantes : sur le thème de moi je voyage mieux que toi, j'ai fait plus de ci et moins de ça - perso, j'ai jamais rencontré un voyageur assez benêt pour me tenir ce discours - mais peut-être ai-je eu de la chance ?
On a également parlé des gens qui voyagent dans un but de reconnaissance sociale (ça aussi j'ai un peu de mal à y croire, ou alors ça se mélange avec du plaisir quand même!), et le débat s'est conclu sur le fait que le snobisme ultime était peut-être de ne pas voyager. So écolo, so bobo, so branché !
Finalement, ce débat était bien sympa, mais plus une esquisse qu'une étude.
On a eu du "les locaux sont les seuls à nous montrer des choses hors des sentiers battus", mais aussi du "les locaux montrent ce qu'ils pensent que les touristes vont aimer" (c'est vrai que j'ai fait une tournée des casinos à Beyrouth sur le thème de "regarde comme on reconstruit") : bref on a toujours un contre-exemple de tout et bon, il aurait peut-être fallu un peu organiser le sujet en amont, avec moins d'intervenants.
Néanmoins félicitations pour cette belle initiative, qui fut ponctuée de beaujolais nouveau, d'intermèdes de théâtre et de danse.
Je vous préviens de la prochaine dès que j'ai vent d'une prochaine initiative de ce type, je suis sûre que les explorers que vous êtes auraient votre mot à dire sur le sujet !