Histoire, John Bonhomme et le commando des frites, chapitre cinq

Et la belle Mac Donald n’entendait pas des voix ! Trois gardes s’approchent, le sabre à la main. John Bonhomme leur fait face, et, souriant, dégaine un pistolet comme on en a rarement vu : la crosse est rose, surmontée d’un petit dessin fleuri, assez mal réalisé, mais qui laisse ainsi l’illusion de voir tour à tour une rose, une tulipe, ou une marguerite. L’ensemble de l’arme est un mélange de rose et de violet, alternativement disséminé en touches impressionnistes.

Devant une telle beauté technique, la jeune Mac Donald est éblouie : « Quoi ? Un homme qui possède une telle arme ? Mais c’est bien l’homme le plus romantique et le plus fort du monde ! »
Et la jeune rose n’est pas à l’abri des surprises, car déjà, John Bonhomme la porte comme dans un rêve, vers un balcon en marbre.
- Oh, John, c’est merveilleux ! Nous allons donc sortir !
- Pour sûr, Madame, ose John.
La jeune Mac Donald rougit, et ce vermeil déposé sur sa joue est aussi joli qu’une rose.
« Ah, pense John, voilà que l’amour me sourit enfin ! »
Il n’y a pas de porte qui résiste à John Bonhomme. C’est pourquoi, dans l’air frais du soir, il porte la jeune Mac Donald endormie, avec dans l’esprit une idée indécrottable : ravir le cœur de la belle en quelques secondes. Mais comment ?
« Me fier à ce que je vois. Voilà, pense John fort justement ».
Car plus loin, dans une petite clairière, brillent quelques dizaines de bougies, avec, au centre, une table surmontée de plats succulents.
« Ma foi, pense John, l’homme que je vois ici a sans doute réalisé ceci pour ma jeune femme et moi-même. Chassons-le dans l’allégresse et avec politesse. ».
Ce qui fut fait.
La jeune Mac Donald, à son réveil, crut croire à un rêve : devant elle, une splendide table était ornée de victuailles fumantes et John Bonhomme, assis en face d’elle, portait un costume et une cravate !