Et bien, je m'en contre-moque comme disait Delanoë lors d'un récent congrès ;)) Il fait 21° à Heraklion alors qu'il neigeait à Paris hier. Dès le retour des jours qui rallongent, je remets le cap sur la Crète. J'invite celles et ceux qui déplorent les hivers trop longs et trop gris de nos latitudes à penser à autre chose. Je sais, ce type de conseil ne mange pas de pain. Tout comme ça ne mange pas de pain de claironner que nous sommes en récession technique alors que les multinationales multiplient éhontément les licenciements boursiers.
A celles et ceux qui pensent à autre chose et font plus encore, à savoir qu'elles ou ils vont se retrouver éblouis de soleil et de beauté en débarquant en Crète avant moi (salauds !!!), quelques bonnes adresses et choses à savoir :
D'abord, en Crète, on ne va pas qu'à la plage. Les randonneurs pédestres peuvent s'en donner à coeur joie avec un superbe et redoutable GR qui traverse l'île d'est en ouest ou inversement. Une bonne carte et une boussole sont de mise car une bonne partie du GR n'est que passage de chèvres ou de mulets. Escarpements et haute montagne au programme également. Des guides expérimentés peuvent se trouver sur place, et toute une armée de bénévoles qui aiment leur pays et entretiennent le mieux possible la piste en la balisant régulièrement. Des paysages à couper le souffle et des senteurs. Mama mia ! Origan, dyctame, thym à faire tourner la tête ! Le GR serpente et traverse des villages isolés où l'on ne trouve plus que des petits vieux et petites vieilles accueillants comme pas permis. Il suffit de leur lancer un "Ya sou" sonore pour s'en faire des alliés (surtout si on meurt de faim ou de soif !). Compter 10 jours pour traverser l'ïle.
La Crète, c'est grand. Nous avons avalé 2300 kilomètres en 15 jours de bagnole (merci mon CO2) et sommes loin d'avoir tout vu.
Par ailleurs, et surtout, en Crète, fuir les endroits touristiques car (1) ce ne sont pas les plus beaux (2) ce sont les plus sales ! Faire des détours et ne pas hésiter à se perdre. C'est une île, on s'y retrouve toujours tôt ou tard. A propos de la saleté, je suis effarée de la gougnasserie effrontée des touristes notamment allemands et anglais. Ils jettent toutes leurs saletés partout ! Tampons, bouteilles en plastique, emballages de saucisses. Je le sais, je les ai vu, j'ai des preuves. Et je doute qu'un crétois prenne la peine d'aller en Allemagne ramener des bretzels pour en jeter l'emballage pourri devant chez lui.
Faire des détours donc, aller dans le Sud, où se trouvent des plages dont Hawaï pourrait être jalouse si seulement elle savait ! Plutôt que de donner des listes de noms imprononçables, je vous colle une carte avec les "hot spots" de mon coeur.
Parler avec les gens du coin. Tout le monde baragouine l'anglais, et l'anglais baragouiné, c'est plus facile à comprendre que l'anglais académique. Les "indigènes" sont plein de bonnes adresses et généreux en bons plans. Sans compter que se faire inviter à boire un café, un raki ou goûter aux fruits du verger, c'est aussi facile que de dire bonjour. Profiter, profiter à tous prix de cette gentillesse et simplicité unique !!! Les crétois sont riches, ils n'attendent pas après nous > ceci pour soulager les esprits qui pourraient penser que cette gentillesse est purement commerciale.
Hors saison (et même à présent EN SAISON !) rien de plus simple que de se loger : n'écoutez pas les agences de voyage qui vous disent qu'on ne trouve plus de chambres en Crète et qu'il vaut mieux prendre un hôtel ! Il y a des chambres à louer partout, avec toutes les catégories de confort possible et très bon marché. En fait, les agences cherchent à vous aiguiller sur des hôtels dits de charme ou typiques qui sont de véritables coupe-gorges au plan des prix et ont autant de charme qu'une vieille roue de camembert oubliée au soleil ! Les chambres sont tenues par des habitants ou par des restaurateurs. Eux-aussi généreux en informations et en bons plans. Si vous êtes sympathiques avec eux, ils vous le rendront au-delà de toutes vos espérances.
Prenez le temps de vivre. Inutile de vous charger de bouquins de plage. Il y a tant à voir et à visiter, entre les vieux forts vénitiens qui surplombent la mer, les sites minoéns, etc.. Pour ceux qui se moquent des vieilles pierres, la nature est là, montagne et mer mélangée. Le bonheur total. Plein de galets de toutes les couleurs à collectionner. Une bonne façon de faire bronzette l'air affairé ;)
Mon conseil : inutile de perdre du temps à visiter Knossos. C'est une horreur. Un cauchemar de restaurateur de vieilles pierres. Tout est rapetassé au béton armé et de mauvaise qualité en plus. Les couleurs fausses sont criardes, tout est moche et vulgaire, c'est plein de touristes idiots, c'est nul. Le minotaure doit se bouffer les cornes de rage, c'est sûr ! Autre chose à éviter : le "trou de Zeus" au Plateau de Lassithi. La grotte où petit bébé, il est censé avoir été mis à l'abri par sa mère pour éviter que son père, Chronos, ne le dévore tout cru. C'est un trou humide et puant sans intérêt autre que de voir des régiments de vieux podagres y glisser sur des marches suintantes et fangeuses en risquant leur retraite à chaque seconde ;)
Si vous voulez vraiment perdre du temps à une activité géniale, passez du temps à table. La cuisine crétoise est vraiment délicieuse et des trucs pareils, on n'en mange pas tous les jours : poulpes marinés et grillés au feu de sarments, escargots des montagnes, civets sous toutes leurs formes, fruits de mer et poissons dont on a oublié le goût chez nous, légumes et fruits locaux à vous tirer les larmes. Et des quantités de fromages différents dont la Crète a le secret. Le vin est moyen. Préférez le blanc. Les rouges ont tous un arrière-goût de vin de noix, c'est pas top.
Allez dans les restaurants, les tavernes, fréquentés par des grecs, c'est le meilleur gage de qualité. Car les grecs sont fines gueules et passent, eux-aussi, des heures à table. A se parler de table en table. A hurler les nouvelles du jour dans un pandémonium très sympathique !!!
Voici mes bonnes adresses :
> A La Chanée (Xania, en langage local), le Café Avallon à l'ouest du Port, dans un vieux bâtiment typique et classé, à deux pas de l'ancienne mosquée. Il est tenu par une française, Elise, qui vous apprendra à faire un excellent moka. Elle a rencontré l'amour dans les bras de Frederikos, un crétois vivant à Paris et l'a suivi pour reprendre cette affaire sur le port. En outre, Frederikos et Elise peuvent venir en aide à tous les français qui seraient en perdition en Crète, notamment s'ils ont un problème administratif ou autre. Et ils sont plein de bons plans : notamment au marché couvert de La Chanée , demander Antonietta (étal numéro 14-16 chez Giorgos Daudakis dans l'Agora) pour taster et acheter le meilleur miel et les meilleures huiles de l'île.
> Un autre couple franco-crétois : Vassilis et Christine, qui tiennent l'un des meilleurs restaurants, sinon le meilleur. La Taverne Kronio à Tzermiado, Lassithi, dans l'Ouest. Le plateau de Lassithi est couvert d'anciens moulins destinés à pomper l'eau pour irriguer cette contrée fertile en pommiers et autres. "Vassilis peut aussi vous accompagner en montagne !" et il en a des choses à raconter sur ses montagnes adorées.
> Retour à La Chanée pour perdre la tête et dénicher, au milieu d'un choix immense, l'un des meilleurs cafés qui soient : chez Arkontakis, 45 rue Moussouron.
Très jolie maison d'art typique et pas des trucs made in China pour touristes idiots dans le Centre Culturel et des Arts Traditionnels de Crète, 20 rue Skoufon, dans la vieille ville de La Chanée. Vieille ville dans laquelle il faut absolument perdre son temps à s'y perdre.
> En route pour les plages du Sud-Ouest, faire une halte déjeuner et vue chez Giorgos et Giorgia Polakis, à Kefali et trouver des petites merveilles locales dans son épicerie à l'ancienne. Ils ont aussi des chambres à louer sympatoches.
> Dans le sud-est, aller absolument découvrir (avant qu'il ne soit trop tard) une plage de paradis au bord de laquelle, avec un peu de chance, on peut découvrir, dans la mer, des morceaux de poterie minoène !!! Et manger et dormir à Xerokambos chez Kostas et à la Villa Petrino.
Mince, je réalise que j'oublie plein de monde !!! Et de détails. Et d'anecdotes. En conclusion, si vous avez des questions, faut pas hésiter à me laisser un mot et taquiner ma mémoire ! :)
Ah, oui, un dernier truc. Si vous prenez un guide, en fait, prenez-en deux : le Routard en français et le Lonely Planet en anglais. Les deux se complètent très bien et le Lonely Planet réserve des perles et va dans des endroits totalement oubliés par le Routard.
ps : cliquez sur la carte pour l'agrandir