Juste avant de commencer ma chronique quotidienne, un petit aparté. J’ai enfin pu visionner en bonne qualités les images de Bunker, et ca poutre sévèrement du gnou. Même sans étalonnage, les images sont quasi parfaites. Yep. Autant dire que ca va charcler sévère une fois monté (enfin j’espère). Mais revenons à nos moutons. Aujourd’hui, donc, deuxième partie de la vie de Mesrine.
L’ennemi public numéro 1 – Putain de bon film
De retour en France après son escapade québécoise, Mesrine jongle entre séjours en prison, évasions spectaculaires et braquages de banque. Prompt à se faire de nouveaux camarades comme à les perdre, il croise la route de François Besse ou de Charlie Bauer. Mais à trop vouloir faire parler de lui, il finira par attirer un peu trop l’attention du commissaire Broussard qui souhaite l’ajouter à son palmarès exemplaire. Comme le dit lui-même Mesrine, une chose est sûre : il ne vieillira pas beaucoup…
Jean François Richet avait tapé fort avec L’instinct de mort. Il faut dire que Mesrine est presque un personnage de fiction tellement sa vie est romanesque, pleine de violence, d’aventure et d’innatendu… Mais loin de Richet l’idée de le sacraliser. Il cherche même à lui enlever le statut de héros en montrant ses faiblesses après chaque coup d’éclat. Car Mesrine est avant tout un orgueilleux qui met le doigt dans un engrenage qui va le broyer.
Alors que le premier opus présentait la montée en puissance d’une petite frappe qui se fait un nom par son audace démesurée, le deuxième va montrer son déclin, son passage d’une vie de luxe à une vie de reculs, de gangster médiatique au visage sympathique à celle d’homme à abattre. On voit donc un personnage qui va perdre de sa superbe, donc l’arrogance monstre (une évasion spectaculaire en plein tribunal, une démonstration de la corruption chez le personnel pénitencier) va finir par le bouffer.
Et forcément son entourage va évoluer. Michel « Porte-avion » Ardouin (Samuel le Bihan), François Besse (Mathieu Amalric) braqueur roi de l’évasion, Charlie Bauer (Gérard Lanvin), Sylvia Jeanjacquot (Ludivine Sagnier)… autant de relations qui vont se construire puis se déliter au fil du temps. Le casting trois étoile assure, à l’exception de Lanvin qui, catapulté 48h plus tôt sur le projet n’a pas le temps de préparer son personnage et nous sors un accent marseillais tellement caricatural qu’il en devient risible. Il ne faut pas oublier non plus Olivier Gourmet, toujours aussi caméléon, qui campe un Broussard ultra crédible.
Le sujet du film pourrait se résumer par une phrase de Mesrine : « Il n’y a pas de héros dans la criminalité ». Et en effet, on voit le point de cassure : celui où Mesrine va torturer un journaliste de Minute, papier d’extrême droite, ayant eu l’outrecuidance d’écrire un papier peu reluisant sur lui. Une scène qui tranche avec sa façon de faire habituelle et qui va accélérer sa chute.
J’avais lu plus jeune le récit qu’avait fait Tillier, le journaliste en question, de cette interview s’étant transformée en piège. Vu le personnage de Mesrine et vu la violence du récit, je m’étais toujours dit qu’il y avait matière à en faire un métrage d’exception. C’est maintenant peine perdue car Richet a fait un film qu’il sera difficile d’égaler. D’autant plus que Cassel, que je trouve habituellement mauvais, y est particulièrement bon.
L’ennemi public numéro un, comme L’instinct de mort il y a deux semaines, prouvent tout qu’on peut faire du cinéma ambitieux en France et qu’on n’a pas à pâtir de la concurrence avec les américains sur le sujet. On peut faire français sans faire franchouillard et faire de l’entertainment sans tomber dans la facilité. Richet est un grand réalisateur et j’ai hâte de voir son prochain film.