Ça ne viendrait à l’idée de personne de s’exclamer, « S’il y a un type que j’admire et avec qui j’aimerais boire un verre, cela serait Lou Reed ». En effet, le New Yorkais patibulaire aussi aimable qu’une porte de prison est probablement ce qui se fait de moins sympathique sur toute la planète rock’n roll. Distant dans le meilleur des cas, Lou Reed sait être méprisant et tellement rongé par la contemplation de soi-même. Il n’empêche que tel n’est pas l’aspect principal du « dossier » Lou Reed. Si on aborde la question de l’ex Velvet Underground par le bon bout, celui du talent, il convient de saluer une œuvre originale et remarquable. Décoré, admiré, reconnu dans le monde entier, le musicien, poète et photographe mérite bien entendu tous les honneurs même si notre homme réserve uniquement quelques-uns de ses rares sourires à son chien, le clébard étant à bien y réfléchir le plus à plaindre. Lou Reed est aujourd’hui dans l’actualité à un double titre puisque la version « Live » de Berlin est désormais disponible et l’intégrale de ses chansons à la disposition des Français dans une version bilingue. C’est d’ailleurs la parution française de cette intégrale qui, promo oblige, a valu aux rares spectateurs parisiens du nouveau « Cent-quatre », une lecture publique de quelques-uns des textes de ce recueil par le maître lui-même. (Voir l’excellent Stéphane Davet dans Le Monde du 7 novembre).
Après de telles éditions en Allemand, Espagnol, Italien et même Croate, j’étais, vous l’imaginez, tout à fait disposé à saluer l’éditeur français à l’initiative du projet. Je veux parler des Editions du Seuil. Le livre est donc enfin disponible ici dans la remarquable collection « Fiction et Cie » et le travail des deux traducteurs mobilisés, Sophie Couronne et Larry Debay, me semble…