Petit tour du côté du PS ( des PS ?)

Publié le 23 novembre 2008 par Arnaud Lehmann

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dimanche, 23 novembre 2008

Petit tour du côté du PS ( des PS ?)

Je dois dire que ce qui se passe actuellement au parti socialiste est assez édifiant. Amusant et inquiétant aussi. Le bon fonctionnement de la démocratie implique une opposition en état de marche. Si les partis de gouvernement ne peuvent plus incarner une opposition crédible, que reste-t-il ?
Je tends à penser que la véritable gagnante de tout ceci reste Ségolène Royal. Alors que les éléphants ont enfin réussi à s'unir pour une même cause, faire battre celle qu'ils honnissent entre toutes, la différence de voix est dérisoire. Le score obtenu par Royal lui est seul imputable. A contrario de celui de Martine Aubry qui tient du conglomérat anti-ségo qui va de Jospin à Fabius en passant par Strauss-Kahn, Delanoé et Hamont ( Royal a tout de même une qualité fantastique, elle sait fédérer contre elle des types qui autrement se ferait la guerre entre eux, ils pourraient la remercier de leur avoir permis de se retrouver et d'avoir enterré la hache de guerre, quoique...). Un attelage des plus hétéroclites et sans doute prêt à voler en éclat à la moindre tension une fois l'objectif atteint, ou l'échec. Cela me rappelle vaguement quelque chose les assemblages contre nature qui se réunissent pour des raisons qui n'ont rien à voir avec la politique stricto sensu.
L'avantage d'Aubry pour toute cette clique est tout simplement qu'elle pouvait tenir le rôle de plus petit dénominateur commun ( tien, encore un souvenir récent). Au bord de la disparition de la scène nationale, elle ne pouvait gêner les ambitions des éternels revenants.  A ceci prêt qu'en réfléchissant à long  et non à court terme, ce type de manoeuvre est dangereuse pour celui qui s'est caché derrière le sacrifiable. A défaut d'être externe, le pion obtient au moins une légitimité interne et là c'est la porte ouverte aux égos qui se développent... Le petit dénominateur commun peut facilement n'en faire qu'à sa tête au final et conduire un parti dans l'impasse. De plus, il est impossible au nouveau responsable de contrôler bien longtemps le patchwork qui l'a porté à sa fonction.
Au fond, ce n'est que pour sa qualité de pion que les soutiens lui sont venus, certainement pas pour la certitude que c'était le bon choix à faire pour l'avenir. Même si Martine Aubry disposait d'une majorité au sein des instances du PS, les portes n'auraient pas tardé à claquer. Si l'on considère la configuration actuelle....
On trouve également un brusque retour en arrière avec le vote de vendredi. A travers Aubry tout ce qu'il y a d'archaïque au PS. Je ne serais même pas surpris de voir poindre les 32 (et pourquoi pas 30 ! ) heures dans ses projets.
Le PS s'enlise dans une guerre interne par refus d'accepter qu'il est composé de deux mouvances diamétralement opposées (sans compter leurs subdivisions). On en revient au sacro saint leitmotiv du "pas de division". Je pense au contraire que c'est la recherche de l'unité qui tuera ce parti. Si un accord devait être trouvé, il ne pourra passer que par le gommage des différences de chacun. On ne conservera qu'une synthèse avec les habituelles platitudes. Les batailles de pouvoir elles, continuerons en coulisses au sein du même parti.
C'est Nicolas Sarkozy qui doit être aux anges en ce moment, le PS va à nouveau se neutraliser lui-même. Aucun n'aura le cran de partir et de fonder un nouveau parti (en dehors d'un Mélanchon, guère représentatif). Aujourd'hui, Ségolène en aurait la légitimité, ce serait cohérent pour moi. Les lignes de clivages sont trop fortes. Je pense que la survie du PS ne peut passer que par son éclatement entre les deux pôles le composant. A terme, l'électeur fera office de dissolvant et la partie non adéquate disparaîtra.
Il serait peut-être temps qu'une opposition crédible renaisse en France. Que l'on soit pour ou contre les majorités en place, une voix alternative est toujours nécessaire pour que la démocratie puisse vivre. La diversité des opinions est une composante vitale de notre système républicain. On pourra toujours dire que la diversité est là, mais quel est son poids aujourd'hui ?
Entre un parti socialiste sous perfusion qui n'arrive pas à passer par une phase radicale pour se remettre sur les rails, un MoDem réduit à une seule figure, ... il ne faudra pas s'étonner de voir un Olivier Besancenot finir par cartonner électoralement. A ce jour, il peut apparaître comme le seul ayant une certaine cohérence dans tout ce marasme.
Mais au moins, on peut constater que d'un parti à l'autre, les batailles internes sont toujours rudes qu'elle qu'en soit l'échelon. Mais cela est sain si l'on veut éviter la mainmise d'une pensée unique et uniformisante.
Et par ailleurs, Ségolène Royal remonte un peu dans mon estime, j'aime assez sa ténacité et son sens de la combativité. Rangée au placard par presque tout le monde, elle est devenue incontournable. Pour les idées, c'est une tout autre question! Là, il y a de quoi discuter.

22:19 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Trackbacks (0) | Envoyer cette note | Tags : politique, france, ps, royal, ségolène, aubry, hamont

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