On a connu le bouc-émissaire, Benjamin Malaussène dans les bouquins de Daniel Pennac, les vaches-émissaires, celles qui pètent et dégagent 600 litres de méthane au minimum par jour, un gaz en partie responsable de l'effet de serre sur notre planète, let me you to introduce "la crise-émissaire". Pas un seul jour sans que les annonces de plans sociaux se succèdent à d'autres plans sociaux, qu'arrivent le temps des oxymorons économiques, "la croissance négative", très belle invention, que les cours de la Bourse n'arrivent pas à redécoller malgré le Viagra des aides publiques… Voilà et si la crise n'expliquait pas tout. Certes, le ralentissement économique mondial sur notre planète est indubitable, la Russie voit son taux de croissance prévisionnel diviser par deux, la Chine perdra au moins quatre points de croissance, les pays occidentaux ne devrait pas échapper à une récession… Bref, le panorama est plutôt obscur. Néanmoins, certains secteurs de marché résistent les biens de consommation durable par exemple.
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Conservatisme contre innovation De plus la conjoncture sert souvent de paravent à des causes plus structurelles. Prenons l'exemple du secteur automobile, celui qui, après l'immobilier souffre le plus en ce moment. Les ventes d'automobile baissent, c'est un fait. La crise en est-elle la seule raison ? Pas sûr. Quand Peugeot et Renault s'escriment à lancer de nouveaux modèles 4*4, au moins trois siècles après le pic de ventes sur ce segment, est-ce la faute à la crise ou bien à deux erreurs stratégiques, celle de ne pas avoir su sentir la tendance durant les années 90 et celle d'avoir persisté à ne pas voir la tendance écologiste dans les années 2000 ? Quand les constructeurs américains continuent à proposer à leurs clients des voitures qui consomment plus de dix litres au cent quand les Américains, même les Américains, en viennent à réduire leur consommation d'automobile et à être soucieux des prix du pétrole, est-ce la faute à la crise. Quand les majors du disque annoncent des licenciements par milliers dans leurs effectifs, d'où bient la responsabilité ? Aux millions de téléchargeurs illégaux, dont beaucoup figurent également dans les listes des plus gros acheteurs légaux ? Ou bien à l'absence de réflexion et de courage à inventer de nouveaux modèles économiques, basés par exemple sur la forfaitisation des achats de musique (un abonnement mensuel pour écouter un nombre limité ou illimité de morceaux), à se lancer dans la vente de musique en ligne. Le conservatisme ne fait pas bon ménage avec l'économie dont les révolutions viennent de l'innovation et du changement de comportement des consommateurs. Sinon Bis n'aurait jamais inventé son briquet jetable et l'homme mangerait du mammouth dans sa grotte en tirant ses cheveux de sa femme pour l'attirer au lit. Sur ce dernier point, à en juger par le nombre de décès ayant pour cause les violences conjugales, près de 200 par an en France, on peut douter de l'évolution. Comme si le biais du lampadaire faisait encore des siennes. Combien des suppressions d'emplois actuelles sont mis à bon compte sur le dos de la crise et pas sur les erreurs des dirigeants, des archaïsmes de fonctionnement de certaines entreprises, sur les lourdeurs administratives, sur le poids de la dette qui empêche (l'Etat français va emprunter plus de 150 milliards d'euros cette année) de trouver les marges de manoeuvre pour relancer la machine ? Il est plus facile d'accuser la pluie quand sa maison est inondée que de sanctionner celui qui a oublié de fermer le robinet. Et tout à chacun fonctionne de cette façon, légitimant la réaction de l'autre. "C'est pas ma faute, monsieur l'agent, quand le feu est passé au rouge, je pensais à la crise, et puis le trou noir"