Nous sommes allongés sur le toit ouvert d'un train qui file parmi la brousse. J'ignore qui compose ce nous. Nous discutons ensemble du ciel qui s'écoule, cela nous rappelle ce film sans nom avec Léonardo Di Caprio en tête d'affiche où l'intégralité des caméras étaient pointées sur le ciel défilant depuis le train. On ne voyait que le ciel, rien d'autre que le ciel. Le film était raté, mais le parti pris esthétique intéressant. C'est la même chose durant ce jour, on ne détourne pas même nos yeux pour apercevoir le paysage en contre-bas. Peut-être est-il saturé d'eau, ou peut-être de terres sauvages. Je ne sais pas. Nous parlons de notre destination, nous imaginons nos vacances exotiques. Quelqu'un parle de Nathanael que nous rejoignons en Chine. Il y vit avec sa fille, probablement que nous pourrons l'y retrouver. Puis un blanc entre nos paroles. Nous pensons tous à notre destination, la Chine c'est vrai, mais les camps de réfugiés, les huttes et la crasse réservées aux exilés climatiques. Je ne retrouve toujours pas le nom de ce film mais je revois l'affiche.
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L'impression que cette journée n'a pour but que d'attendre la suivante. La première neige, le froid, mais aussi la migraine légère, diffuse, tapie sous l'os pendant que l'obscurité autour n'y change rien. Il est très tôt dans la journée pourtant, début d'après-midi, j'attends qu'elle passe, de peur d'en connaître une plus crue encore, plus forte entre les tempes. Je n'ai pas vraiment mal, je crains juste d'avoir plus mal. Alors je gère mon capital douleur. Alors j'attends. J'évite les écrans. Je ne poursuis pas les corrections et réécritures de Coup de tête et Melliphage, pourtant bien repris depuis la veille et le matin aussi. Je reste immobile, la tête prise sous la couette blanche ou bien plus tard, les yeux glissés sur le papier bulle des Passagers du vent. Puis retour sous la couette à attendre, attendre que demain pointe ou, un peu plus tôt, attendre le soir, le droit de pouvoir risquer des écrans aigus et des comportements à risque pour les yeux, puisqu'il sera trop tard pour que ça puisse prêter à conséquence. Une journée de perdue, selon mes critères productivistes, mais en fait pas tant que ça. Une journée blottie, voilà, plutôt. Ce matin, pourtant, tout avait bien commencé, avant même les reprises écrites et les corrections relues, puisque je me réveillais, ce rêve tout chaud encore entre les yeux :