C’est un ours en peluche énorme que la fille serre dans ses bras dans son sommeil. Lorsque son père (veuf) vient la réveiller, il la regarde comme une petite fille à materner (réveils en douceur, petits déjeuners réconfortants, fables édifiantes racontées sur le chemin de l’école). Et pourtant…
Ce sont des hommes rencontrés sur le Net que prend dans ses bras sa meilleure amie, la fille au sourire si doux de déesse indienne. On sent chez la fille un amour plein d’inquiétude pour cette amie qui prétend par cette activité leur payer des billets d’avion pour voyager en Europe et du dégoût pour les hommes qui la lui volent. Un jour, tout bascule. Jae-young se jette par la fenêtre pour échapper à une descente de police. Et la fille ne sait pas comment expier sa mort si ce n’est en essayant de revenir en arrière et de devenir Jae-young…
C’est un père (veuf) qui traque et frappe de plus en plus violemment ceux qui lui ont volé sa fille. Qui paiera la mort de Jae-young ? qui sera racheté ?
Samaria de Kim Ki-Duk s’achève par une échappée hors de Séoul, ses hôtels dangereux, ses immeubles glauques, dans la nature coréenne qui formait déjà le décor de L’Île. Espace ambigu dans lequel l’humain peut être englouti (comme le montrait déjà L’Île, et comme le réaffirme une superbe scène cauchemardesque) ou sauvé.